Le noir pur est une couleur qui n'existe pas dans la nature : il faut que les fleurs, organes de reproduction de la plante, se parent de couleurs vives pour attirer les insectes indispensables à la fécondation.
Pourtant la fascination du noir dans le végétal ne date pas d'hier.
Au XVIIe siècle déjà, un petit jardinier hollandais réussit à produire par hasard une tulipe noire - ou presque noire.
Aussitôt il reçoit les offres les plus alléchantes pour révéler son secret qui n'en est pas un... et se laisse finalement convaincre de vendre son unique bulbe à la Société des tulipiers de Harlem, laquelle le détruit sous ses yeux en l'écrasant par terre du pied : celle-ci possédait déjà une tulipe noire et venait d'évincer sa seule rivale.
La recherche de la tulipe noire inspirera un sujet de roman à Alexandre Dumas. Il y a quelque temps encore, au prix de dizaines d'années de manipulations génétiques, un obtenteur a réussi à en créer une variété quasiment noire - à condition de ne pas la tenir face à la lumière, a objecté un de ses concurrents, sinon elle présente au mieux une couleur violet foncé !...
La rose fait l'objet du même rêve, et il a fallu plus d'un demi-siècle et huit générations de croisements pour que les pépinières Meilland réussissent l'exploit : l'aventure a commencé en Allemagne dans les années 1940, avec la découverte par les botanistes d'une rose contenant un pigment de géranium qui a la propriété de concentrer les couleurs.
Au bout d'un long cheminement, la "black baccara", "rouge très foncé, virant même au charbon lorsqu'elle est bien éclairée", est née.
La quête du noir absolu, couleur extrême pour un végétal, se poursuit.
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