Triste constatation : depuis 1980, entre les 5 % des pays les plus riches et les 5 % des pays les plus pauvres de la planète, l'écart est passé de 6 pour 1 à 200 pour 1. Face à ces disparités, associations tiers-mondalistes et individus isolés se mobilisent pour rééquilibrer la distribution des ressources. Parmi ces Don Quichotte, Jürgen Hass, un Allemand de cinquante-sept ans, est sans doute celui qui a expérimenté la méthode la plus originale.
Accusé, à tort selon lui, de fraude fiscale, cet ancien assureur et conseiller municipal écope d'une amende de 100 000 euros et se retrouve, à trente-huit ans, en préretraire forcée. Il part s'installer au Paraguay. Bien décidé à se venger de l'administration qui l'a ruiné, tout en participant au développement de son pays d'accueil, il découvre une faille dans la loi allemande sur la filiation : n'importe quel homme peut reconnaître un enfant pourvu que la mère soit d'accord et que nul autre n'en revendique la paternité. Aussi, en moins de vingt ans, Hass adopte-t-il en toute légalité plus de trois cents enfantsz, tous issus de milieux défavorisés, chacun d'entre eux bénéficiant dès lors des prestations sociales allemandes qui permettent de subvenir, au Paraguay, aux dépenses d'une famille de huit personnes.
"Je cesserai les adoptions le jour où ma famille comptera mille enfants", s'est vanté le justicier.
A moin s que d'ici là le Bundestag ne vote une loi pour lutter contre "les abus du droit à l'adoption" !