C'est en septembre 1837 que Balzac fit l'acquisition de la propriété "Les Jardies", sur les coteaux de Sèvres, pour la somme de 169 025 francs. Le chiffre dépassait de beaucoup ses moyens, mais il avait eu le coup de foudre et il comptait rentabiliser rapidement l'affaire. Il était sûr que le terrain était incroyablement fertile et comptait se lancer dans la culture des ananas, grâce à des serres qui ne réclameraient que peu de chauffage.
Il trouva même pour les commercialiser la boutique de ses rêves à Paris, boulevard Montmartre. Il projetait de la peindre en noir et d'y inscrire en lettres d'or : "ANANAS DES JARDIES". Théophile Gautier le convainquit quand même de ne la louer qu'après la récolte. C'était sage, car le sol se révéla complètement ingrat et les arbustes que l'écrivain y planta ne dépassèrent pas la hauteur de son chien.
Balzac n'eut pas plus de succès avec la maison. Il la voulait magnifique, mais il négligea tous les détails matériels. C'est ainsi qu'il la fit édifier sur de la glaise. Elle s'enfonçait chaque soir et il fallait la relever le matin avec un cabestan. De même, il oublia l'escalier et il fallut ajouter une cage sur la façade. Finalement, il la revendit à perte, ne laissant à Sèvres que des dettes.
Mais "Les Jardies", lieu décidément prédestiné, avaient un autre rendez-vous avec l'histoire. La maison, correctement rebâtie par un architecte, changea plusieurs fois d'occupant, jusqu'à devenir la propriété de Léon Gambetta. C'est là que celui-ci mourut, le 31 décembre 1882, et la villa, située aujourd'hui 14 avenue Gambetta, est devenue un musée consacré au grand homme politique.