"Le pays tirait une grande ressource des anguilles, l'hôte du marais par excellence. Dans les vases des achenaux, dans les moindres cours d'eau, elles pullulaient, se multipliaient à l'aise. On distinguait communément les noires, moins recherchées, et les blanches, dites marchandes [..] Très souvent l'anguille figurait dans les contrats comme redevance ; elle constituait presque une monnaie."
On sait aujourd'hui que l'anguille prend une livrée argentée et cesse de se nourrir au moment d'entamer une migration de plusieurs milliers de kilomètres, qui la conduit dans la mer des Sargasses - au large des côtes nord-américaines -, où se trouve son aire de ponte. Dans l'autre sens, la migration des larves d'anguille (leptocéphales), entraînées par les courants maritimes vers les côtes européennes, dure environ trois ans.Les civelles - minuscules anguilles translucides, issues de la métamorphose des leptocéphales -, pénètrent dans les estuaires et remontent vers l'intérieur où elles se pigmentent et deviennent de jeunes anguilles jaunes.
La dégradation de la qualité du milieu aquatique, la surpêche des civelles et les nombreux obstacles que l'homme oppose à sa migration, conduisent actuellement à une réduction de ses effectifs.