Dès l'aurore, le chiffonnier, équipé d'une hotte et d'un crochet, quitte son taudis pour effectuer dans les poubelles des grandes villes sa moisson quotiidienne de chiffons, de déchets domestiques, mais aussi de toutes sortes de vieux objets... Il utilise toujours le même technique : il tend le drap sur le trottoir, sur lequel il vide les ordures. Muni de son crochet, il repère les "bons objets" qui, une fois classés, triés, nettoyés ou raccomodés, sont susceptibles d'être vendus. Il met de côté dans sa hotte ce qu'il aura trouvé à manger. Il lui arrive d'approvisionner l'obscure échoppe d'un drôle de cordonnier pour miséreux, surnommé le "sauveur d'âmes", chez qui sont entassés toutes sortes de vieux souliers. Celui-ci a pour spécialité d'en récupérer la partie essentielle, nommée âme, qu'il lavera, sèchera et introduira dans une nouvelle chaussure pour lui faire connaître une autre vie.
En 1884, l'arrêté du préfet de la Seine Eugène Poubelle, en imposant le ramassage des ordure ménagères, a mis fin au métier de chiffonnier qui n'avait pas bonne réputation.