Pour les païens, l'ombre d'un être humain n'appartient ni à son corps ni à son âme. C'est elle qui descend aux enfers, dans le royaume des ombres. Cette croyance, dans l'Antiquité, procédait de la foi à la survivance à demi matérielle de l'âme : à Tome, les ombres sont réunies aux Enfers où elles reçoivent récompense ou châtiment. Cette superstition donnera naissance à la croyance aux fantômes et aux rituels de l'évocation des morts.
Puisqu'elle est la manifestation visible de l'âme, il est évident que l'homme qui n'a plus d'ombre a vendu son âme au diable. En signant ce pacte, il s'expose aux pires ennuis, et doit, sans tarder, renoncer aux avantages pécunières obtenus. Certains étaient persuadés que les vampires pouvaient être tentés de la voler. Pour l'éviter, il fallait planter un clou sur la surface où elle se trouvait, au niveau de la tête. D'autres croyaient qu'il suffisait de marcher sur l'ombre de quelqu'un pour le blesser.
Au Pays de Galles, en Italie, en Allemagne, en Autriche, la famille réunie autour de la cheminée le soir de Noël se livrait à un curieux jeu en observant sur les murs les ombres portées de chacun : celui dont l'ombre était incomplète ou n'avait pas de tête mourrait dans l'année. Il en était de même pendant la nuit du nouvel an juif ; de plus, si elle était dépourvue de main droite, cela concernait le fils de la famille, la main gauche, la fille, et si un doigt manquait, c'était la perte d'un ami...