En 1987, les programmes de la télévision zaïroise sont brusquement interrompus par un speaker qui annonce qu'une "nouvelle de nature à bouleverser l'Afrique et le monde" va être révélée. Les rumeurs les plus folles enfièvrent aussitôt les rues de Kinshasa. Selon les unes, Mobutu Sese Seko s'autoproclamerait roi du Zaïre. Selon les autres, le dictateur vieillissant s'apprêterait, au contraire, à quitter la présidence. A 18 heures, deux homems se présentent sous le crépitement des flashs au Centre de conférences internationales. Le premier est un obscur scientifique zaïrois, le professeur Lurhuma. le second, un médecin égyptien, le docteur Shawflik. "Nous venons de mettre au point un traitement contre le sida, qui va être rapidement mis sur le marché", annonce Lurhuma. Bien que la nouvelle soit accueillie avec suspicion par la communauté scientifique, des milliers de malades désespérés affluent aussitôt vers Kinshasa pour se procurer le remède miracle. Quelques semaines plus tard, tandis qu'il s'avère que le médicament n'est rien d'autre qu'une décoction d'herbes aromatiques, on retrouve la trace de l'énigmatique professeur Lurhuma coulant des jours paisibles dans la luxueuse villa que Mobutu lui a offerte en récompense de sa "géniale" découverte.
Au cours des années suivantes, bien d'autres expérimentateurs ont proclamé à leur tour avoir vaincu le virus. Signalons pour mémoire le "missile antisida", une arme concoctée par une équipe de sorciers, d'astrologues et d'anciens militaires, dont les effets se sont limités à ider les comptes en banque d'une centaine de naïfs !