Comme tous les lutins domestiques, le Drac auvergnat aime à jouer des tours, ce qui lui est d'autant plus facile qu'il peut se transformer à volonté. Ses espiègleries, nombreuses et variées, font l'objet de maints témoignages, dont certains furent immortalisés par les contes populaires.
Un soir - il y a plus de quatre-vingts ans de ça - Guillaume de la Catoferro passait le long du ruisseau aux Narcisses, tout près du château de Calhac, comme la nuit tombait. Il aperçut un mouton qui bêlait désespérément. Guillaume pensa, bien naturellement, que c'était un mouton égaré. Il courut à lui, le saisit par la laine et, comme il semblait très fatigué, il le mit sur ses épaules. Guillaume continua ainsi son chemin. Au moment juste où il entrait dans le sentier du Grand-Pré, au-dessous d'une rangée de noyers, il entendit dans ces arbres une voix qui criait : "Ou donc es-tu ?" Le mouton répondit aussitôt : "Je suis ici sur les épaules d'un couyon".
Guillaume ne fut nullement boiteux pour déposer l'animal à terre et pour se sauver au galop. Comme il détalait, il entendit le mouton qui lui disait : "Ah ! ah ! ah ! comme je me suis plu !" Vous avez deviné, bien sûr, que le fameux mouton n'était autre que l'une des nombreuses transformations du Drac.