L'un était un sage, mais un sage devenu aveugle à trop lire les parchemins ; l'autre était un nigaud qui ne voyait pas plus loin que le bout de ses pieds.
Les deux se plaignaient de leurs infirmités.
Ils se complétaient cependant : le sage indiquait le chemin, le nigaud le guidait pas à pas.
Car l'aveugle connaissait une montagne dans laquelle se trouvait, avait-il lu, une cascade magique guérissant les corps et les âmes.
Ils atteignirent enfin leur .
La gardienne des lieux demanda ce qu'ils avaient à offrir. De l'or ? Non, ils étaient pauvres. Quoi, alors ? Un peu de ma clairvoyance, dit l'un ; un peu de ma vue, dit l'autre.
Elle les laissa puiser dans l'eau guérisseuse.
A peine avaient-ils bu leur coupe que le sage perçut le jour et que le nigaud se découvrit des pensées lumineuses.
La gardienne avait disparu.
A sa place, l'image des deux miraculés apparaissait à la surface de l'eau.