Le Houzier et les Annequins
Il y avait jadis, dans les Ardennes, aux environs de La Hardoye, un lutin malicieux surnommé le Houzier (l'homme des eaux). Il se tenait généralement près des ruisseaux ou des ponts, mais il n'était pas facile à repérer ! Il était si petit qu'il pouvait facilement se dissimuler dans les hautes herbes ou se glisser dans un trou. Pas méchant pour deux sous, le Houzier passait son temps à faire des farces. Il adorait éclabousser et couvrir de boue tous ceux qui passaient près de lui, en particulier les jeunes filles vêtues de belles robes. A défaut d'apercevoir le lutin, la personne aspergée entendait un grand rire suivi d'un flac, comme si une grenouille venait de sauter dans l'eau... Le Houzier marqua les mémoires et, longtemps après sa disparition, les mères disaient encore aux enfants, rentrant de leurs jeux tout crottés : "Comme te voilà houzélé !"
D'autres personnages bien plus terribles se tenaient tapis près des marais et des rivières : les Annequins, ou Lumerettes. Ils guettaient les voyageurs nocturnes et, prenant la forme de feux follets, surgissaient brusquement devant eux en dansant. Loin d'être innocentes, leurs rondes étaient destinées à pousser leurs victimes vers l'eau afin de les y noyer. Si l'on voulait leur échapper, il valait mieux se recouvrir la figure pour ne plus rien voir ou encore prendre ses jambes à son cou.