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 La rose de Pimperlé

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Joa
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Joa


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MessageSujet: La rose de Pimperlé   La rose de Pimperlé EmptyLun 9 Oct - 9:10

Relevé dans toute l'Europe, ce conte, dont nous présentons ici une version ardennaise, connaît également des variantes en Turquie, en Inde et en Afrique. On le trouve noté sous différents titres, tels le Sifflet qui chante (Picardie), la Flûte accusatrice (Doubs) ou encore la Rose paternelle (Flandres).

Il y avait une fois un roi qui possédait un grand royaume et des richesses peut-être plus grandes encore que son royaume. La reine, sa femme, était morte lui laissant trois fils qu'il aimait autant l'un que l'autre. Dire, en effet, lequel des trois il chérissait le plus eût été, vraiment, chose impossible, si bien que cet amour le mettait parfois dans un singulier embarras surtout lorsqu'il pensait : "Je me fais déjà vieux et il me faut songer à mon successeur, mais qui, de mes trois fils, aura mon royaume ? Les aimant tous également, il me serait bien difficile d'avantager un au détriment de l"autre. Que faire ?" Puis, il réfléchissait réfléchissait, et, un beau jour, à force d'avoir réfléchi, il trouva. Ayant alors réuni ses trois fils autour de lui, il leur dit :
- Je me fais déjà vieux et il me faut songer à mon successeur, mais, vous aimant tous trois d'un égal amour, à qui laisserai-je mon royaume, si ce n'est, en bonne justice, au plus fort, au plus courageux et au plus intelligent ? Or, j'ai cherché et voici ce que j'ai trouvé. J'ai entendu parler d'une rose merveilleuse, d'une rose unique au monde, la rose de Pimperlé : allez à sa recherche et celui de vous qui me la rapportera sera roi après moi.
Les trois frères se mirent donc en route, chacun de son côté et marchant droit devant soi.
Le premier, traversant une forêt, rencontra une vieille femme qui essayait de charger sur son dos un fagot de bois mort. Mais elle n'y pouvait réussir tant elle était âgée et sans force.
- Où vas-tu, beau garçon ? lui demanda-t-elle. Es-tu donc si pressé ?
- Qu'est-ce que ça te f..., vieille g..., lui répondit-il brutalement ; laisse-moi passer mon chemin.
- Bon ! bon ! je vois que tu cours après la rose de Pimperlé, mais quoi que tu marches, marcherais-tu toute ta vie, quoique tu fasses, remuerais-tu ciel et terre, tu ne la trouveras jamais.

Passe ensuite dans la même forêt le deuxième fils du roi qui trouve la même vieille essayant encore de charger son fagot.
- Où vas-tu, beau garçon ? Ne veux-tu pas m'aider à mettre mon fagot sur mon dos ?
- Plus souvent que j'aiderais une vieille sorcière comme toi ! Laisse-moi passer, je suis pressé.
- Bon, bon ! je vois bien que tu cours après la rose de Pimperlé, mais quoique tu marches, marcherais-tu toute ta vie, quoique tu fasses, remuerais-tu ciel et terre, tu ne la trouveras jamais.
Passe enfin le troisième fils du roi, et toujours la vieille essayait de charger son fagot.
- Où vas-tu, beau garçon ? Ne veux-tu pas m'aider à mettre mon fagot sur mon dos ?
- Volontiers, la mère, et même je ferai mieux, je vous porterai votre fagot jusque chez vous, car m'est avis que si vous l'aviez sur les épaules, vous resteriez en route.
- Merci bien, mon beau garçon, merci bien de ta complaisance, mais tu me parais bien pressé, où donc vas-tu ?
- Mes deux frères et moi, nous cherchons la rose de Pimperlé, car celui qui la trouvera doit être roi à la place du père, qui se fait déjà vieux. Hélas ! où se cache-t-elle, cette fameuse rose, et la trouverais-je jamais ?
- Tu la trouveras, c'est moi qui te le dis. Tu me crois une vieille femme ; or, sache que je suis une fée ayant pris ce déguisement pour éprouver ton coeur et celui de tes frères. Toi seul m'a répondu poliment, toi seul est bon, aussi vais-je te récompenser. La rose de Pimperlé n'est pas au bout du monde, comme tu pourrais le croire, elle est tout proche de toi. Va dans ce bois que tu vois là-bas, tu y verras un paquet de broussailles et, bien cachées, tout au milieu, une rose verte, une rose rouge et une rose blanche. Prends la rose blanche, c'est la rose de Pimperlé.
Le troisième fils fit comme le lui avait dit la fée. Il alla dans le bois, fouilla dans la broussaille, y trouva la rose de Pimperlé et la cueillit. Mais justement, comme il revenait au château de son père, tenant dans la main la rose de Pimperlé, il se rencontra sur la route avec ses deux frères et leur conta son heureuse aventure. Il n'avait pas plutôt dit le dernier mot que ses deux frères se jetèrent sur lui, le tuèrent, le cachèrent dans une grande fosse, prirent la rose et rentrèrent au château du roi leur père.

- Père, lui dirent-ils, voici la rose de Pimperlé que nous avons trouvée ensemble tous les deux. Qui fut encore toujours bien embarrassé ? Ce fut le roi. Il n'avait qu'une parole, mais lequel de ses deux fils choisir pour successeur, puisque ensemble et en même temps ils avaient trouvé la rose ? Et le troisième, celui qu'au fond il aimait le plus, il le reconnaissait à cette heure, qui ne revenait pas !
Or, il arriva qu'environ dix ans après, un petit berger, faisant paître ses moutons dans le bois, trouva un os long, mince, bien desséché et bien blanc. Il le ramassa, le perça de trous et en fit une flûte. Mais quelle ne fut pas sa surprise, lorsque ayant soufflé dans cette flûte, au lieu d'un air, il en sortit ces paroles :
Siffle, siffle, berger !frères m'ont tué ! Dans la forêt d'Avé ! Pour la rose de Pimperlé.
Et chaque fois que le berger soufflait dans sa flûte, chaque fois la flûte chantait les mêmes paroles. Mais un jour que le roi chassait dans le bois, il se trouva face à face avec le berger.
- Tu as une jolie flûte, berger, veux-tu m'en laissé jouer un air ?
- Volontiers, roi si toutefois vous êtes assez habile pour en tirer autre chose que des mots.
Le roi prit la flûte et souffla, mais il fut tout au moins aussi surpris que le berger, lorsqu'au lieu d'un air il entendit la flûte qui chantait :
Sifflez, sifflez, mon père ! Mes frères m'ont mis sous terre ! Après m'avoir tué ! Dans la forêt d'Avé ! Pour la rose de Pimperlé.
Oh ! oh ! que signifie cela ? s'écria le roi. Vite ! vite ! qu'on courre me chercher mes deux fils. Et lorsqu'ils furent arrivés, il leur tendit la flûte.
- Voulez-vous m'en jouer un air ? cela me délassera.
Sans méfiance ils souifflèrent dans la flûte, mais au lieu d'un air, la flûte chanta :
Siffle, siffle, barbare ! C'est toi qui m'as tué ! Dans la forêt d'Avé ! Pour la rose de Pimperlé.
Confus, ne pouvant plus s'en tirer par un mensonge, force fut donc aux deux frères d'avouer leur crime. Le roi, tout aussitôt, les condamna à être brûlés vifs, et, tant que dura le supplice, il fit jouer de cette même flûte par le berger. Mais, cette fois, ce ne furent plus des paroles qui en sortirent, mais bien, comme un signe de réjouissance les plus beaux airs qu'il fut possible d'entendre. Le roi vécut ensuite jusqu'à un âge très avancé et, mourant très vieux, fort vieux, il laissa son trône à son Premier ministre.

Albert MEYRAC, Traditions, coutumes, légendes et contes des Ardennes, 1890
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