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 Le rusé braconnier

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Joa
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Joa


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MessageSujet: Le rusé braconnier   Le rusé braconnier EmptyLun 9 Oct - 9:14

Les contes facétieux mettent en scène la bêtise, ou la ruse d'une personne. Comme son titre l'indique, le héros de ce conte ardennais n'est pas des plus stupides !

Il y avait une fois, à Williers, dans les Ardennes, un braconnier qui, s'étant mis à l'affût, tua un sanglier gros, gros, comme il n'en avait jamais vu et pesant, au moins, quatre cents livres, si bien que, malgré tous ses efforts, il ne sut le faire bouger d'une semelle. Mais, comme il n'était pas homme à s'embarrasser pour si peu, voici ce qu'il imagina.
En ce temps-là - et, paraît-il, les choses depuis n'ont pas changé -, les femmes étaient très bavardes et, plus que toutes les autres, la femme de notre braconnier. C'est sur ce défaut qu'il comptait. Rentrant donc chez lui, il alla, sans même dire le bonjour habituel, s'asseoir tout triste au coin du feu. Il avait la mine toute déconfite et poussait des "hélas !" à fendre l'âme.
- Eh quoi donc, mon homme, lui demanda enfin sa femme, serais-tu malade ?
- Hélas ! non, mais c'est pire que cela !
- Ah ! mon Dieu, mon Dieu ! Que t'est-il donc arrivé ?
- Je ne peux pas le dire, c'est un secret !
- Oh ! si ce n'est qu'un secret, tu peux bien me le confier, tu sais combien je suis discrète ; sois sûr que je le garderai pour moi seule.
- En ce cas !... Aussi bien un mari ne doit rien avoir de caché pour sa femme. Tu sais, le voisin ?...
- Oui ! Et après ?
- Et après ? Eh bien ! je l'ai tué.
- Malheureux ! malheureux ! n'en parle à personne, au moins, les gendarmes viendraient te prendre. Heureusement qu'on ne t'a pas vu et que je suis seule à connaître ton secret. Tiens couche-toi, dors, passe une bonne nuit, et demain tout sera oublié.
- Que le bon Dieu t'entende, femme, dit le braconnier qui se couche aussitôt et même, quelques minutes après, fait semblant de dormir. Or, c'est ce moment qu'attendait sa femme. Elle sortit de la maison, le plus doucement qu'elle put, et courut chez sa voisine.
- Hélas ! hélas ! voisine, quel malheur ! Mon mari vient de tuer un homme ; mais au moins ne le dites à personne, c'est un secret que je vous confie comme à sa meilleure amie, car si cela se savait, nous aurions vite les gendarmes chez nous.
- Y pensez-vous, voisine, que j'irai tambouriner dans le village une chose aussi grave ! Rentrez et ne soufflez mot à qui que ce soit de cette affaire ; vous le savez, les gens sont si bavards qu'on ne sait à qui se fier.

Mais, comme bien vous le pensez, la nouvelle s'était répandue dans tout Williers, ni plus ni moins qu'une traînée de poudre, et les gendarmes, alors, d'arriver chez le braconnier. Toc ! toc !
- Qui est là ?
- Nous, les gendarmes !
- Entrez gendarmes !
Ils entrent et vont droit au braconnier dans son lit.
- C'est donc vous qui avez tué votre voisin ?
- Hélas ! oui, c'est moi, gendarmes, et vous pouvez m'arrêter. Ah ! quel malheur !
- Mais, où avez-vous laissé le cadavre ?
- Là-bas, là-bas, tout au fond du bois.
- Eh bien ! levez-vous et venez avec nous.
- Me lever ! Comment pourrais-je marcher ? Je suis tellement ému que mes jambes tremblent sous moi et que je ne saurais mettre un pied devant l'autre.
- Oh ! si ce n'est que cela, nous allons prendre une voiture.
Donc, on attelle et, une demi-heure après, gendarmes et braconnier partaient pour le bois. Ils arrivent.
- Ou est-il, le cadavre ? demandent les gendarmes.
- Voyez-vous, répond le braconnier, ce gros tas de feuilles sèches ? Eh bien ! c'est là : je l'avais bien caché, pensant que jamais je n'aurais été pris.
Le plus lestement qu'ils peuvent les gendarmes sautent de la voiture et courent au tas de feuilles sèches que leur avait indiqué le braconnier. Mais que découvrent-ils ? Un énorme sanglier.
- C'est bien là l'homme que j'ai tué, dit alors en riant de tout son coeur le rusé braconnier, et, ne pouvant le porter moi-même, j'ai pensé que vous viendriez le chercher avec moi en voiture.
Et les bons gendarmes, à leur tour, d'éclater de rire. N'était-ce pas d'ailleurs ce qu'ils avaient de mieux à faire ? Puis, tous, ils revinrent à Williers, voiturant en triomphe le sanglier, au grand hébahissement de tous les badauds, qui s'attendaient à voir ramener un cadavre, et l'assassin les menottes aux mains.

Albert MEYRAC, Traditions, coutumes, légendes et contes des Ardennes, 1890
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Le rusé braconnier
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