Egalement connu sous le titre Moitié-de-Coq, ce conte, que l'on rencontre dans plusieurs pays d'Europe, fut l'un des plus populaires de France.
Il y avait une fois une moitié de poulet en train de picorer sur un fumier. Elle trouva une bourse remplie de pièces d'or. Or au même moment passa le roi qui, n'ayant plus d'argent, dit à Moitié-Poulet :
- Veux-tu me prêter ta bourse ?
- Je veux bien, répondit Moitié-Poulet, mais à condition que tu me paieras des intérêts.
Le roi prit donc la bourse, mais Moitié-Poulet attendit longtemps sans jamais rien voir venir. Moitié-Poulet se dit un beau matin :
- Je vais moi-même réclamer ce qui m'est dû.
Il se mit donc en route, et, chemin faisant, il rencontra son ami le loup.
- Où vas-tu, Moitié-Poulet ?
- Je vais chez le roi. Cent écus me doit.
- Veux-tu me prendre avec toi ?
- Volontiers, loup ; monte dans mon coup.
Or, voilà que, plus loin, ils rencontrèrent le renard.
- Où vas-tu, Moitié-Poulet ?
- Je vais chez le roi. Cent écus me doit.
- Veux-tu me prendre avec toi ?
- Volontiers, renard ; monte dans mon coup à côté de l'ami loup.
Mais, au moment d'arriver, ils furent arrêtés par la rivière.
- Où vas-tu, Moitié-Poulet ?
- Je vais chez le roi. Cent écus me doit.
- Veux-tu me prendre avec toi ?
- Je n'ai plus de place, rivière.
- Oh ! je me ferai toute petite, toute petite.
- Monte donc dans mon cou et case-toi comme tu pourras entre l'ami renard et l'ami loup.
Ils arrivèrent ainsi au palais du roi.
- Toc ! toc ! à la porte.
- Qui est là ?
- C'est moi, Moitié-Poulet, qui viens réclamer mon argent et mes intérêts.
Le roi le fit entrer ; mais, au lieu de le bien recevoir et de lui compter l'argent qu'il lui devait, et aussi les intérêts, il l'envoya au poulailler.
- Ah ! c'est comme ça que tu me traites ! dit Moitié-Poulet furieux. Renard ! sors de mon cou.
Le renard sortit du cou de Moitié-Poulet et mangea toutes les poules du poulailler. Le roi envoya alors Moitié-Poulet à la bergerie.
- Ah ! c'est comme ça que tu me traites ! Lioup ! sors de mon cou.
Le loup sortit du cou de Moitié-Poulet et étrangla tous les moutons de la bergerie. Ce que voyant, le roi prit Moitié-Poulet et le jeta dans le four où il avait fait allumer un grand feu.
- Ah ! c'est comme ça que tu me traites ! Rivière ! sort de mon cou.
Et la rivière, étant sortie du cou de Moitié-Poulet, engloutit en un rien de temps le palais du roi dont, aujourd'hui il ne reste plus la moindre pierre.
Albert MEYRAC, Traditions, coutumes, légendes et contes des Ardennes, 1890
Ce conte m'a fait sourire, parce que mon grand-père nous le contait, mais au lieu du cou il s'agissait du ... derrière ! et j'ai réentendu mon pépé, prendre sa grosse voix et dire :
"Rivière ! sort de mon derrière et éteint moi tout ce feu !"
Bisous pépé, je t'aime et tu me manques ....