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 La Vouivre de la source

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Joa
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Joa


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MessageSujet: La Vouivre de la source   La Vouivre de la source EmptyLun 30 Oct - 9:47

Particulièrement célèbre en Franche-Comté, la Vouivre est un serpent ailé qui porte au milieu du front, en guise d'unique oeil, un diamant lui servant à se guider dans les airs. De nombreuses légendes évoquent les déboires de ceux qui tentèrent en vain de s'emparer de ce joyau. La Vouivre de la Source présente un épisode original de l'histoire de ce curieux reptile.

Il y a bien longtemps, la source du Doubs, comme beaucoup d'autres dans notre Jura, avait sa Vouivre. On n'en a qu'une description vague, car elle se cachait à tous les yeux. Cependant on savait que parfois le soir elle allait, pour changer, s'ébattre dans les eaux écumeuses du torrent du Bief qui naissait en ce temps-là au pied du rocher de Crève-Coeur, c'est-à-dire à un kilomètre plus haut qu'aujourd'hui.
De Mouthe, on voyait s'élever très haut sur les flancs du Nonmont une traînée lumineuse qui s'évanouissait du côté des Roches : c'était la Bête. On disait que son corps était allongé à la façon d'un serpent, qu'elle était verte avec des écailles noires et que pour se diriger elle avait sur le front une petite boule qui brillait plus que la Lune. Ce ne pouvait être que la Vouivre qui, au fond de la source, fouettait l'eau et faisait filer comme la flèche, à la sortie de la grotte, les paquets de mousse blanche sur les gros bouillons d'eau. Quelquefois, elle se tenait tranquille et, au fond de l'eau plus claire que le jour, sa lumière brillait, mais l'imprudent qui voulait se pencher pour voir glissait sur la mousse et suir le rocher et la Vouivre ne le laissait plus jamais revenir. Aussi, quand elle passait dans le ciel, les enfants fermaient les yeux et les vieillards se signaient.
La Vouivre de la Source est morte, et voici comment.

A moitié chemin entre la Source et Crève-Coeur, on trouvait un petit hameau, le Cudubief, dont il ne reste plus qu'une maison. Un homme de ce hameau, un jour, faisait du bois à la forêt. Surpris par un orage, il s'était mis à l'abri dans le Creux des Roches et s'était endormi. Quand il se réveilla, l'orage était passé, mais la nuit était venue. Il fut étonné de voir, dans la forêt toute sombre, le Creux illuminé comme en plein jour. A peu de distance, sur une pierre plate, il y avait une petite boule tellement brillante qu'il ne pouvait la fixer. Il retint son souffle et dans un éparpillement de gouttes d'eau, il vit la lumière s'envoler et disparaître derrière les cimes des sapins. Il pensa tout de suite à la Vouivre de la Source. Dès cette nuit, il n'eut qu'une idée fixe : s'emparer de la boule. Il prit son cuvier à léssive et le hérissa de crosses ou grands clous, plantés de l'intérieur, puis le porta et l'aboucha vers l'endroit où il avait dormi. Têtu comme un montagnard, il passa ainsi bien des nuits sans rien voir, mais sa ténacité finit par être récompensée. Une belle nuit la Vouivre vint, posa sa boule sur la pierre et se mit à l'eau. Hâtivement l'homme souleva son cuvier, tendit le bras, prit la pierre et la boule et laissa retomber son abri. Il était temps. Il entendit un sifflement horrible et le cuvier trembla sous un choc violent. Pendant des heures, la bête siffla, gronda et se lança contre le cuveau, mais chaque fois elle se blessait aux clous. A la fin, les cris et les chocs devinrent plus faibles, puis cessèrent, mais l'homme était à demi mort de peur. Assez tard dans la journée, il se hasarda à soulever son cuvier ; les clous et le bois étaient rouges de sang et une large traînée montrait que la bête était allée finir de mourir dans le bief des Roches.
L'homme mit la boule toujours brillante dans de la mousse, et la mousse dans une écorce repliée, et revint chez lui. Sans rien dire à personne, il prit son bâton d'épine, et partit à pied. On croit qu'il est allé à Dijon. Il vendit la boule ; on lui en donna sa charge de pièces d'or. Quand il rentra, il voulut étaler son trésor sur la table ; sa femme ne vit que des feuilles sèches de foyard (hêtre). Il alla se coucher, ses cheveux blanchirent à vue d'oeil ; il raconta ce qu'on sait et mourut. La Vouivre de la Source s'était vengée.

Henri CORDIER, Au pays des sapins, 1925
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