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 Les Hommes en blanc

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Joa
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Joa


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Les Hommes en blanc Empty
MessageSujet: Les Hommes en blanc   Les Hommes en blanc EmptyLun 30 Oct - 15:57

Il existe dans les superstitions populaires plusieurs types de revenants, ou retournants. Dans ce récit, qui a pour titre original les Emblancats, les morts reviennent sur terre pour faire pénitence.

Il y avait une fois une maison, un peu en dehors du village, que l'on disait peuplée de fantômes. En effet, les maîtres n'osaient pas y dormir et le soir, après le travail, ils s'en allaient passer la nuit au village en compagnie d'amis. Voilà qu'un jour, lorsque le maître s'apprêtait à fermer la porte à clef, il vit arriver vers lui un homme qui pouvait avoir dans les quarante-cinq ans et qui lui demanda l'hospitalité pour la nuit en disant venir de bien loin :
- Je ne vous coûterai pas beaucoup, j'ai de quoi manger dans mon petit sac ; je voudrais seulement m'allonger pour me reposer.
Le maître de la maison lui répondit :
- Je voudrais bien vous rendre service, mais je crains que vous ne puissiez pas rester ici.
- Et pourquoi ? dit l'homme.
- Parce qu'il y a des fantômes.
- Des fantômes ! Vous voulez rire ; il y a plus de vingt ans que je suis parti de la maison ; j'ai fait la guerre un peu partout, et jamais ni les vivants ni les morts ne m'ont fait peur ; s'il n'y a que ça, je reste.
Le maître dit encore :
- Si vous tenez tant à rester, restez, et si quelque chose va mal, venez au village.
- Partez tranquille, je m'arrangerai.
- Eh bien ! bonne nuit !
- Bonne nuit !

Resté seul, l'homme, qui était un vieux soldat, s'assied sur une chaise au coin de la table ; il sort de son petit sac une petite serviette, un saucisson, un morceau de fromage "troué", sept ou huit noix et une bouteille de vin blanc. Il achevait de manger et fermait son couteau quand il entendit un grand bruit dans la cheminée et un homme assez grand, vêtu d'une blouse comme celle des meuniers, toute blanche, et coiffé d'un grand chapeau blanc et haut comme un pain de sucre, en sortit et se mit à marcher dans la cuisine. Le soldat, un peu étonné, dit alors à l'homme blanc :
- Que veux-tu ?
L'homme blanc répondit :
- Celui qui viendra après moi te le dira.
Et il continua à marcher. Au bout d'un moment, on entendit un bruit un peu plus fort et un autre homme un peu plus grand que le premier, blanc comme lui, sortit de la cheminée.
Le soldat lui demanda :
- Que veux-tu ?
L'homme répondit :
- Celui qui viendra après moi te le dira.
Il se mit à marcher derrière le premier. Un moment après, un autre bruit encore plus fort et un homme encore plus grand. Le soldat lui posa la même question et l'homme lui fit la même réponse. Ceci dura six fois et le soldat se demandait s'il allait passer toute la nuit en compagnie de muets. Il n'avait pas peur, mais cela le tracassait. Quand tout à coup il entendit un bruit bien plus fort que tous les autres ; on aurait dit que tout se démolissait et un homme encore plus grand que tous les autres, il avait au moins cinq doigts de plus que le dernier descendu, sortit de la cheminée. Le soldat lui demanda comme aux autres :
- Que veux-tu ?
L'homme blanc lui répondit :
- Tu le sauras bientôt ; tu nous vois ici tous les sept ; pendant le temps où nous fûmes sur les terre nous aimions trop l'argent ; tout nous convenait pour l'amasser ; et maintenant nous faisons pénitence. Nous venons chaque nuit nous promener sur les écus que nous avons entassés sans pouvoir ni les voir ni les toucher. Ceci doit durer jusqu'au jour où un brave homme voudra bien nous délivrer. Abasourdi, le soldat lui répondit :
- Moi ! je veux bien : j'ai fait tant de choses dans ma vie d'aventurier, mais je ne vois pas ce que je pourrais faire pour vous.

L'homme blanc lui dit alors :
- Ecoute-moi et fais ce que je te dirai.
Sur la table il y avait un chandelier. L'homme blanc dit :
- Prends ce chandelier.
Le soldat répondit :
- Prends-le toi.
- Moi je ne peux pas.
Le soldat prit le chandelier. L'homme blanc le conduisit vers une petite porte qui donnait dans un escalier, comme pour descendre dans une cave. Ils descendirent. Au milieu l'escalier tournait et il y avait une pioche pendue à la paroi. L'homme blanc dit au soldat :
- Prends cette pioche.
Le soldat répondit :
- Prends-la toi.
- Moi, je ne peux pas.
Le soldat prit la pioche. Ils arrivèrent au fond. Les hommes en blanc se mirent autour à côté de la paroi et celui qui faisait le porte-parole dit au soldat en lui montrant le milieu de la cave.
- Tape là.
- Troues-y toi.
- Moi, je ne peux pas.
Le soldat prit la pioche et creusa. Il souleva quelques centimètres de terre et il découvrit une peau de veau où il y avait des tas de pistoles. Il y en avait bien 15 litres. L'homme blanc dit au soldat :
- Monte ceci en haut.

Le soldat répondit :
- Monte-le toi.
- Moi, je ne peux pas.
Le soldat ramassa les coins de la peau, la porta en l'appuyant sur ses cuisses car il aurait pu la porter sur l'épaule mais il aurait versé les pistoles et monta en haut. Il posa la peau sur la table. Alors l'homme blanc dit :
- Voici ce que tu vas faire : fais trois petits tas de pistoles, un pour le maître de cette maison, l'autre tu le donneras à M. le curé pour qu'il dise des prières pour nous qui en avons bien besoin, le troisième sera pour toi. Tu l'auras mieux gagné que nous.
Le soldat fit les trois tas. Quand il eût fini, l'homme blanc lui dit :
- Ca va bien ! maintenant nous ne reviendrons plus jamais.
Et l'un après l'autre tous les hommes en blanc s'en allèrent comme ils étaient venus.
Quand il fit jour, le maître de la maison revint : il avait hâte . Il ne savait pas s'il allait trouver la maison vide et le soldat parti ou peut-être à moitié mort, inconscient. Dès qu'il eut ouvert, il le vit en train de déjeuner et, sur la table, il y avait quelque chose qui ressemblait à une couverture.
- Eh bien ! avez-vous passé une bonne nuit ?
- Pas trop mal, voyez-vous.
- N'avez-vous pas entendu les fantômes ?
- Je les ai entendus, je les ai vus et ils m'ont même assuré qu'ils ne reviendraient pas.
- Bon Dieu !
Le soldat découvrit les trois petits tas et raconta en détail ce qui s'était passé. Le maître écarquillait les yeux et ouvrait les oreilles. Il alla chercher le curé et lui raconta l'affaire. Chacun prit sa part et le soldat s'en alla en sifflant une chanson. Et on n'entendit plus jamais parler de fantômes.

Joseph MAFFRE, revue Folklore, 1968
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