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 Sissourlet

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Joa
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Joa


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Sissourlet Empty
MessageSujet: Sissourlet   Sissourlet EmptyLun 30 Oct - 15:58

Un jour, un jour, il y avait un petit agneau qui s'appelait Sissourlet. Ce petit agneau était bien joli avec sa laine soyeuse, son museau éveillé et ses airs si mignons. Et sûrement on l'aurait voulu sans cesse à côté de soi si ce n'avait été le gros défaut qui détruisait ses qualités.
Mais, aussi, mes enfants, quel vilain défaut ! ... Imaginez-vous que ce Monsieur Sissourlet vous avait une petite tête, volontaire comme pas une, et qu'il ne voulait jamais obéir qu'à sa tête. de sorte qu'un soir le soleil déclinait, déclinait, déclinait, et le troupeau - pâtre devant, chiens sur les flancs et les ouailles en queue leu leu - trottinait dans les sentes étroites afin de sortir tôt du bois et de gagner la bergerie. Sissourlet suivait, mais non pas sans faire des mines. C'était bien trop de bonne heure pour s'aller enfermer, disait-il. Et, lorsque les chiens ou le berger n'y prenaient point garde, il s'écartait de-çà, il s'écartait de-là, il jouait à cache-cache. Il y joua si bien qu'à la fin il se perdit.
Et maintenant, mon pauvre Sissourlet, cherche, cherche ton chemin ! ... Plus il cherchait, plus dans le bois il s'enfonçait, et plus il se perdait. A un moment, cependant, il aperçut sur un monticule une espèce de maison qu'il reconnut. Dans le pays, on l'appelait la Jassette. C'avait été une bergerie, dans le temps. Ce n'était plus, aujourd'hui, qu'une masure abandonnée mi-démolie, sans portes ni fenêtres. Et pas de toit, non plus. Mais, comme il se faisait tard, que la nuit arrivait à grandes enjambées, et que, la nuit, les loups sortent de leurs tanières, Sissourlet se dit à lui-même :
- Ce que j'ai de mieux à faire, c'est de m'en aller à la Jassette. J'y trouverai peut-être quelque bon trou pour me cacher.

Sitôt dit, sitôt fait. Il s'y achemina sur-le-champ. Et voilà qu'en cheminant il rencontra, soudain, le jeune coq Cacaraca.
- Tiens ! que fais-tu par ici ? demanda le jeune coq.
- Mon ami, je me suis perdu.
- Et moi aussi. Où vas-tu, maintenant ?
- Je vais voir de trouver quelque bon trou, dans la Jassette.
- Veux-tu me prendre avec toi ?
- Viens.
Ils s'y acheminèrent tous les deux. Et voilà qu'en cheminant ils rencontrèrent, soudain, Couacouac, le petit canard.
- Tiens ! que faites-vous par ici ? demanda le petit canard.
- Mon ami, nous nous sommes perdus.
- Et moi aussi. Où allez-vous donc, maintenant ?
- Nous allons à la Jassette, voir s'il y a quelque bon trou.
- Voulez-vous me prendre avec vous ?
- Viens.
Ils s'y acheminèrent tous les trois. Et dès qu'ils furent arrivés ils se mirent en quête d'une cachette pour chacun.
- Je vois ce qu'il me faut, dit Couacouac, le premier. La pierre de l'évier tient encore au mur. Attendez, m'y voilà ... Bigre ! que je suis bien !
- J'ai trouvé ! tra-la-la, chanta Cacaraca, le second. Laissez-moi m'envoler sur cette poutre. Bon ! j'y suis ... Dites-leur qu'ils viennent.
- Quelle veine ! quelle veine ! s'écria à son tour Sissourlet, grimpé sur le haut d'un vieil escalier qui ne branlait pas trop. Je vas m'accroupir, ici, sur ce palier. D'en bas on me prendra pour une pierre.
Pendant qu'ils s'arrangeaient, la nuit était venue, très noire. Et nos trois maraudeurs ne jasèrent plus guère car le seul bruit de leurs voix les faisait tressaillir. Or voici que tout à coup ils ouïrent là-bas loin, loin, loin :
- Hou-hou-hou ! ... Hou-hou-hou ! ...
- Mon Dieu ! murmura Sissourlet, c'est un loup. Taisez-vous, au moins, camarades.

Mais bientôt après,le cri retentit tout proche :
- Hou-hou-hou ! ... Hou-hou-hou ! ...
- Je le vois, souffla Sissourlet, saisi d'effroi, claquant des dents. Il vient de ce côté-ci. Ne bougeons pas !
- Hou-hou ! Hou-hou ! fit le Loup en passant le nez dans la porte.
Personne ne bougeait, allez ! Ah ! comme un petit grain de mil... Et le Loup, flairant et reflairant, dit :
- Il semblerait qu'il y a du monde.
Alors, il entra dans la Jassette. Il tourna, il tourna, et finalement il s'approcha de l'évier ! Aïe ! aïe ! le voici qui avance son museau ! ... Pauvre Couacouac ! Mais Couacouac, dont les yeux s'étaient dejà un peu accoutumés à l'obscurité, paf ! vous lui donna un coup de bec qui emporta un lambeau de nez.
- Monstre ! cria le Loup en reculant, il y a des tailleurs, ici ! ... Quels coups de ciseaux, Messeigneurs !
Et il se tint éloigné de là. Et comme il lui sembla voir quelque chose sur une poutre, il leva la tête en l'air. Caracaca, qui était juste au-dessus et chez qui un besoin pressant ... de la peur qu'il eut, il lâcha son robinet. Flouc ! dans la gueule de sire Loup.
- Bèh ! prr ! ... qu'est-ce que c'est que ça : il y a des maçons ? ... Malédiction ! il m'a empoisonné avec son mortier ! ...
Il se gara d'un autre côté. Se trouvant près du vieil escalier :
- Tiens ! dit-il, si j'allais voir ce que font là-haut les maçons ? ...
Il se mit à monter, à tâtons. Il posait à peine une patte sur le palier, lorsque Sissourlet qui l'attendait, bam ! lui asséna un coup de tête qui l'envoya rouler par terre, échine première.
- Au secours ! hurla notre Loup en ramassant ses os. Il y a des tonneliers, aussi. Ils m'ont démoli avec leurs masses. Sauve qui peut ! ... On finirait par m'avoir la peau ! ... Et il travailla des orteils que c'était un plaisir.
A tous les loups qu'il rencontrait, il disait :
- N'allez pas à la Jassette. Il y a de tous les corps de métiers. J'ai eu grand-peine à me tirer de là.
Si bien qu'aucun autre loup ne s'aventura à y aller. Et Sissourlet ainsi que les deux bonnes têtes, ses compagnons, en réchappèrent d'une belle. C'est égal, vous pensez bien qu'ils ne fermèrent pas l'oeil de la nuit. Et la peur qu'ils endurèrent leur fut bonne leçon. Je ne crois pas qu'ils y reviennent de sitôt se perdre dans les bois en faisant les petits éventés ! ... Tant il y a que, lorsqu'il fut jour, ils retrouvèrent leur chemin.

Gustave THERON, Revue des langues romanes, 1901
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