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 M. Dicton

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Joa
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Joa


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M. Dicton Empty
MessageSujet: M. Dicton   M. Dicton EmptySam 4 Nov - 11:25

L'histoire de M Dicton a été recueillie dans les environs de Brive, mais douze versions de ce conte populaire ont été recensées en France. Charles Perrault s'en est inspiré pour le Chat botté, qui parut en 1697 dans Histoires ou Contes du temps passé.

Il y avait une fois un palais de richesse merveilleuse, bâti dans la bruyère qu'ombrageaient de grands châtaigniers. Son hôte le trouvait, bien sûr, le plus joli du monde, mais il avait ses raisons : il en était propriétaire, y dormait parfaitement, était son propre bâtisseur. Cet heureux possesseur s'appelait M Dicton. A ses yeux, sa petite cabane, faite de branchages et de fougères, valait bien un palais. Il y vivait bellement, sans souci, fainéant comme un Roger Bontemps, avec trois compagnes ; trois poules qui le nourrissaient de leurs oeufs.
M. Dicton avait un ami qui était friand de la chair de poule, surtout quand sa faim était poussée par une longue course. C'était le Renard. Or, un certain jour, il arriva au Palais de Fougères les jambes lasses, le ventre creux, la langue pendante. Avec un miaulement il demanda une de ses poules à M. Dicton. Et celui-ci de se récrier :
- Une poule ! mais c'est un jeûne éternel qu'il me faudrait m'imposer !
Il eut beau raisonner et batailer comme une femme d'Ussac, le Renard avait besoin d'une poule et il fallût que notre homme l'abandonnât à son goinfre de compère. Renard le remercia, lui disant qu'il se souviendrait de ce bienfait et partit. Il marcha, marcha longtemps, et arriva à un endroit d'où on voyait un vol de perdrix. Déjà son approche les inquiétait et, frou-rou-rou, elles allaient s'envoler quand il leur cria de loin :
- Ne craignez rien, je vous suis envoyé par un messager et ne veux vous faire aucun mal ; le roi, pour vous rendre plus belles, veut vous dorer la queue ! Allons à Paris, là vous aurez la queue dorée ... Je vous servirai de guide. Les perdrix ne doutèrent pas de sa parole et se mirent à le suivre. Du balcon de son château, le roi vit sortir comme du ciel un nuage d'oiseaux qui faisaient le bruit de cinq cents fléaux.

- Sire, dit le Renard, voici le présent qui vous vient de M Dicton, votre féal serviteur.
On ouvrit la grande porte du château, les portes de la cage et les perdrix sautèrent de joie en pensant qu'enfin elles allaient avoir la queue dorée ; elles entrèrent dans la volière où elles furent fermées sans façon. Renard reprit le chemin du Palais de Fougères ; la route était longue ... mais il arriva tout de même, comme la première fois, les jambes molles, l'estomac criant au repos et à la faim. Il demanda à son ami :
- Ta seconde poule ?
En hauteur, et plus fort, cette fois, M. Dicton rechigna :
- Oh ! Renard ! de quoi vivrai-je, seigneur Dieu !
Mais encore le pauvre homme dut par force s'exécuter et la donner.
Renard repartit ; il voyagea longtemps et enfin, un jour qu'il traversait un grand pré, il vit un si grand nombre de bécasses qu'elles en couvraient la terre. Son arrivée allait les faire fuir vite ; mais toujours aussi beau parleur que finaud, il les assura, fit miroiter à leurs yeux la promesse de leur faire dorer la queue à Paris et il le leur fit croire.
Suivi de ses badaudes, le Renard se présenta de nouveau au balcon du roi, le priant d'accepter le second cadeau de M Dicton. Le roi fit ouvrir les portes et les bécasses (ce jour elles ne volèrent pas leur nom !) tombèrent dans le filet qui leur était tendu.
Renard revint chez M Dicton, chargé de remerciements et affamé jusqu'au tréfonds de son être. La dernière poule de son ami aurait eu peine à le satisfaire. Le bourgeois montra sa mine amaigrie par la disparition de ses autres poules mais il donna celle qui restait. Alors, comme il ne lui restait plus aucune ressource, il accepta la proposition de Renard qui l'invitait à la suivre :
- Nous gagnerons bien notre vie, lui dit-il, et nous partagerons en frères.
Mr Dicton dit adieu à son Palais de Fougères, tout plein de chagrin et de regret, et en pleura longuement. En chemin il se retournait, s'arrêtait pour regarder, par-dessus ses épaules, sa cabane et ses châtaigniers qui s'éloignaient de plus en plus. Après quelques jours d'une vie hasardeuse, les deux compères découvrirent dans une vaste plaine un grand troupeau de biches. Renard vit là une occasion de déployer sa finesse ; il laissa M Dicton et s'avança vers les bêtes qui, à sa venue, s'apprêtaient à se défendre de leurs cornes. Mais le rusé ennemi se servit encore de sa ruse et les convainquit avec son histoire de faire dorer leur queue à Paris. Il les conduisit au roi qui ne pouvait croire à tant de générosité de la part de M. Dicton. Il fit comprendre à Renard qu'il n'oserait plus recevoir d'aussi royaux dons de ce riche seigneur. Il lui était si reconnaissant qu'il désirait fort le remercier de tête à tête. Ce lui serait un plaisir de voir M. Dicton. Renard promit de le conduire aussitôt. De suite, il fut le chercher, lui raconta les désirs du roi et, ensemble, ils galopèrent vers Paris. Arrivés près de la capitale, ils s'aperçurent que la mine pauvre et amaigrie de M. Dicton n'était pas convenable pour paraître devant le roi. Renard, qui n'était pas renard pour rien, trouva dans son sac cette finasserie : M Dicton se mettrait derrièe une haie ; de ce temps, lui irait intéresser le roi à son sort en le présentant comme voyageur arrêté, pillé, volé, maltraité par des brigands. Puis à toutes les questions qu'il lui poserait il répondrait sans cesse : "Oui, oui, oui."

M. Dicton fut accueilli de belle façon et installé, cette fois, dans un véritable palais. Le lendemain, de lui-même, Renard invita le roi à aller au château de M. Dicton. Toute la cour y alla. Après avoir montré le chemin à prendre, Renard passa devant, comme courrier. Il rencontra des bergers, des laboureurs, des vendangeurs et des feuillardiers. Il leur cria :
- Je vous donne l'ordre de dire (si vous ne le faites pas vous en créverez) que vous appartenez, vous, vos troupeaux, vos champs, vos vignes et vos bois, au seigneur de l'endroit nommé M. Dicton.
Enfin Renard arriva à un beau château où l'on festoyait, à table, en raison d'une riche noce.
- Oh ! malheureux ! leur dit-il ; vous êtes perdus ; le roi va venir avec son armée et va vous écraser si vous ne vous cachez pas de suite dans ces grands tas de paille que j'aperçois d'ici.
L'arrivée du roi et de sa cour ne se fit pas attendre ; l'on complimenta M Dicton sur ses richesses, et le pauvre diable répondait toujours : "Oui, oui, oui", depuis que ces chenapans l'avaient effaré, le laissant plus mort que vif. Après le repas, que l'on trouva tout servi, Renard proposa de mettre le feu aux tas de paille en signe de joie.
- Mon maître n'en a là que le dixième et il est de rebut, dit-il au roi qui voulait empêcher cette dissipation.
Un vaste foyer éclaira le pays et le délivra de ses propriétaires au profit de M. Dicton.
Et voilà comment Renard paya sa reconnaissance et le prix des trois poules de son ami.

Pierre-Henri DARS, revue Lemouzi, 1911
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