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 Le corps sans âme, ou le lion, la pie et la fourmi

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Joa
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Joa


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Le corps sans âme, ou le lion, la pie et la fourmi Empty
MessageSujet: Le corps sans âme, ou le lion, la pie et la fourmi   Le corps sans âme, ou le lion, la pie et la fourmi EmptyDim 28 Jan - 11:04

Autrefois vivait un chiffonnier que ses parents avaient appelé « Kiou-Cher » (petit chéri). Un jour qu’il allait exercer son métier dans le village voisin,, il passa, à son habitude, à travers bois pour raccourcir sa route. Il arriva à une clairière, et là ses cheveux se dressèrent d’effroi et d’horreur. Devant lui étaient un lion, une fourmi et une épique (oiseau du genre pie). Ces animaux hurlaient à qui mieux mieux pour le partage d’un animal qui se trouvait près d’eux sur le gazon.
Le lion s’avança alors vers le chiffonnier qui s’attendait à être dévoré, et lui dit :
- Jeune homme, nous sommes ici pour le partage de cette proie et nous ne pouvons nous entendre. Si tu veux nous donner à chacun notre part, tu auras une belle récompense.
Plus mort que vif, Kiou-Cher prit son couteau et coupa la charogne en trois parts égales qui ne tardèrent pas à être dévorées.
Le lion s’approcha alors du chiffonnier et lui dit :
- Pour te récompenser, ôte un poil de ma queue et conserve-le dans un étui. Lorsque tu auras besoin de ma force, tu diras : « Par la vertu de mon poil de lion, que je sois lion ! » et tu le deviendras.
Le pie lui donna une plume de sa queue en lui disant les mêmes paroles que le lion. Il en fut de même de la fourmi, qui lui donna une patte. Lorsqu’il eut reçu ces trois présents, Kiou-Cher reprit sa route. Arrivé au village, il alla de porte en porte offrir à échanger ses marchandises contre des chiffons. « A loques ! à loques ! » criait-il. A son grand étonnement personne ne lui répondait.

- Qu'y a-t-il donc ? demanda-t-il à une vieille femme assise à son rouet devant la porte de sa cabane, je n'ai encore vu personne au village, si ce n'est vous.
- C'est que la fille du roi a été emmenée dans une tour sur la mer par le Corps-sans-Âme.
- Et qu'est-ce que ce Corps-sans-Âme ?
C'est un monstre formidable qui a sept têtes. Personne n'a pu le tuer jusqu'à présent. Le roi promet la main de sa fille à celui qui la délivrera. Personne ne s'est encore présenté.
- Allez, ma bonne femme, je vais aller délivrer la fille du roi ; vous en entendrez bientôt parler. Adieu !

Kiou-Cher partit vers la mer, emportant avec lui son étui. Après plusieurs jours de marche, il rencontra un homme qui gardait un immense troupeau de boeufs.
- Bonjour, bouvier ; pourriez-vous me donner un morceau de pain et m'indiquer le château du Corps-sans-Âme ?
- Du Corps-sans-Âme ! Je suis son bouvier. Il va venir tout à l'heure, et il m'étranglerait s'il apprenait que je vous ai indiqué sa tour. Voici du pain. Sauvez-vous si vous tenez à la vie, car le dragon va venir et il vous dévorerait.
- Je ne le crains pas. Je vais rester et je le tuerai.
- Oh ! oh ! mon brave, vous voulez rire ! Si vous tenez à vous cacher, mettez-vous ici.
- Non, non. Je resterai.
Le Corps-sans-Âme arrivait. Il mugissait comme mille tonnerres. Apercevant Kiou-Cher, le monstre lui dit :
- Qui es-tu, ombre de mes moustaches, poussière du néant ? Que viens-tu faire dans mes domaines ?
- Je suis Kiou-Cher, et je viens pour te tuer et t'enlever la fille du roi. Tu vas voir. Par la vertu de mon poil de lion, que je sois lion !
Et voilà le chiffonnier qui se jette, changé en lion, sur le monstre dont il arrache les sept têtes et qu'il laisse expirant sur un rocher. Puis, renseigné sur la position du château par le bouvier, le jeune homme se changea en pie et s'envola dans les airs. Il avait faim ; il prit un poisson dans son bec et l'avala. Il arriva bientôt près du château, qui était fermé par de lourdes portes. Comment entrer ? Kiou-Cher se changea en fourmi, passa sous une des portes, délivra la princesse et se changea de nouveau en pie.

Prenant alors la fille du roi, il la conduisit au balcon d’une des fenêtres du château de son père. Celui-ci accourut et demanda à sa fille celui qui l’avait délivrée. Elle montra le chiffonnier qu’on fit entrer au palais. La princesse avait un ancien amant qui était sur le point de l’épouser lors de son enlèvement. Il était désespéré de perdre celle qu’il aimait.
Un jour, la fille du roi se promenait sur le bord de la mer avec son sauveur et son ancien amant. Celui-ci précipita Kiou-Cher dans les eaux et revint avec la princesse, à laquelle il déclara que le chiffonnier était tombé à la mer dans un moment de distraction.
A peine dans l’eau, le jeune homme s’était écrié :
- Par la vertu de ma plume, que je sois changé en pie !
Aussitôt il se vit de nouveau oiseau, s’envola et alla se percher sur le toit du palais.
La princesse y pleurait la perte de celui qui l’avait sauvée au péril de ses jours. Ce qui ajoutait encore à sa tristesse, c’est que le roi avait déclaré qu’on la marierait le lendemain au brillant seigneur, qui ne lui plaisait plus maintenant. Vainement elle avait essayé de toucher le cœur du roi par ses prières, celui-ci s’était montré insensible. Le roi avait fait tuer tous ses bestiaux pour le festin de noces.
Tout le peuple était en fête. Seule la princesse avait le cœur navré. On l’emmena de force dans la salle du palais pour la marier. Au milieu du festin, le chiffonnier se présenta au roi et lui dit de faire fermer les portes, ce qui fut fait. Le marié, prétextant une indisposition, voulut se retirer ; on ne lui en donna pas le droit. Ensuite, Kiou-Cher raconta comment il avait été précipité à la mer.
La princesse se jeta dans ses bras en pleurant de joie. Les soldats du roi s’emparèrent du traître, le lièrent à un poteau et assemblèrent du bois auquel ils mirent le feu. L’amant fut bientôt brûlé.
Puis on maria solennellement le chiffonnier à la princesse qu’il avait sauvée par son courage.
Ils vécurent heureux et aimés par leurs sujets. S’ils ont encore le poil de lion, la plume de pie et la patte de fourmi, ils peuvent faire ce qui leur plaît et ne craindre personne.

Henry Carnoy, Contes, récits et légendes des pays de France
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