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 Corps-sans-Âme

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Joa
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Joa


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MessageSujet: Corps-sans-Âme   Corps-sans-Âme EmptyVen 11 Mai - 10:27

Il y avait une veuve qui avait un fils unique de treize ou quatorze ans du nom de Giouanin. ce garçon, qui, du reste, aurait été beau, était toujours sale comme un rétameur de casseroles et se tenait dans un coin. Il arriva qu'une fois un pélerin dit à cette veuve : "Pourquoi ce garçon se tient-il toujours si sale ? Pourquoi ne va-t-il pas chercher son pain et se faire homme ?" Il en dit tant qu'à peine ce pèlerin fut parti, Giouanin dit à sa mère : "Je veux aller courir le monde. - Qu'iras-tu faire à travers le monde ? Ne vois-tu pas que tu es trop petit ? Quand tu seras capable de renverser le pin qui est derrière la maison en le poussant avec les pieds, alors tu partiras."
Tous les matins, dès qu'il était levé, Giouanin allait essayer et faisait des efforts inouïs. Enfin, un beau matin il réussit à jeter l'arbre, les racines en l'air. Aussitôt il courut à sa mère qui lui dit : "Maintenant, mon fils, tu peux aller où tu veux." Il fit ses adieux à sa mère et il partit ; il marcha et il marcha. Après plusieurs jours il arriva dans la ville où demeurait le roi et il entendit que le roi avait un très beau cheval que personne ne pouvait dompter. Giouanin fit dire au roi qu'il se sentait de force à lui dompter le cheval Roundelou. Il fut de suite appelé et conduit à l'écurie. Il s'approcha du cheval, il l'appela, le caressa ; puis il sauta dessus en le détachant et il le conduisit dehors, le tournant vers le soleil, parce qu'il s'était aperçu que le cheval avait peur de son ombre ; il l'étreignit des genoux, tira sur la bride et le laissa partir ... Au bout d'un quart d'heure, Roundelou était bel et bien dompté. Mais personne d'autre ne pouvait le monter ; avec Giouanin seul il était paisible comme un agneau.

Depuis ce jour-là le roi voulut tant de bien à Giouanin que les autres serviteurs commencèrent à lui porter envie. Alors ils se mirent d'accord pour le perdre et ils dirent au roi que Giouanin se vantait publiquement d'être capable de délivrer sa fille des mains du sorcier Corps-sans-Âme. Il eut beau s'excuser, le roi pour toute réponse lui dit : "Ou tu me la délivres, ou je te fais couper la tête !" Giouanin se retira tout malheureux et s'en fut à l'écurie où Roundelou lui dit : "Comment se fait-il que tu sois si mélancolique ?" Giouanin raconta le fait et Roundelou lui répondit : "Comment, c'est pour cela ? Va, n'aie peur de rien ; dis seulement au roi qu'il te donne le sabre rouillé qui est derrière la porte." Ainsi encouragé par Roundelou, Giouanin se fit donner le sabre et partit content.
Après avoir fait un bon morceau de chemin, se trouvant dans un bois, il vit un lion qui l'appela. Giouanin se mit à trembler de peur ; mais pensant qu'il était inutile de fuir, il prit courage et s'avança pour lui demander ce qu'il voulait. Quand il fit près, le lion lui dit : "Giouanin, tu vois que nous sommes ici, moi, un chien, un aigle et une fourmi ; nous avons cet âne mort à partager ; tu as le sabre, fais notre part à chacun !" Giouanin coupa la tête de l'âne et la donna à la fourmi, lui disant : "Voici une tanière et de quoi manger tant que tu veux !" Il coupa les jambes et les donna au chien, lui disant : "Voici de quoi ronger tant que tu veux !" Il arracha les boyaux et les donna à l'aigle, lui disant : "Voici de quoi manger, tu peux tout porter sur les arbres que tu choisis !" Tout le reste il le donna au lion, comme étant le plus gros des quatre, et s'en alla. Il était déjà loin qu'il s'entendit appeler ; avec la peur de ne pas avoir fait les parts justes, il retourna en arrière, mais le lion lui dit : "Tu nous as bien servis et nous ne t'avons rien donné en reconnaissance. Voici une de mes griffes, quand tu te la mettras tu deviendras un lion plus féroce que tout au monde." Et le chien : "Voici une de mes moustaches, quand tu te la mettras tu deviendras le chien le plus agile qu'on ait jamais vu." Et l'aigle : "Voici une plume de mes ailes, tu peux devenir l'aigle le plus gros et le plus puissant des airs." Et la fourmi : "Et moi, je te donne une de mes petites jambes, quand tu la mettras tu deviendras une fourmi tellement petite qu'on ne pourra la voir."

Giouanin prit tout, remercia et s'en alla. Quand il fut arrivé hors de vue, et comme il n'était pas sûr qu'on ne se fût moqué de lui, il fit l'essai et, trouvant que c'était vrai, il s'en fut en avant tout content.
Arrivé hors du bois, et sur le bord d'un lac, il vit là, tout au milieu, le château du sorcier. Il se transforma en aigle et il vola et se posa sur le bord d'une fenêtre fermée ; il se changea en fourmi et pénétra par une fissure, dans une belle chambre, sous la jupe de la fille du roi : il s'ôta la jambette et se levant il fit faire une cabriole à la princesse. Elle s'effraya mais Giouanin lui dit : "N'aie pas peur ! Je suis venue pour te délivrer ; il faut te faire dire par le sorcier ce qu'il faut pour le tuer." La princesse dit : "Il est heureux que, dans ce moment, il ne soit pas ici, car il te mangerait ; mais quand il arrivera laisse-moi faire ; maintenant, entre dans cette chambre et demeure coi."
Peu après le sorcier arriva et dit ;"Je sens l'odeur de chrétien !" Et la princesse dit : "Qui veux-tu que ce soit ? C'est moi ; tu sens l'odeur parce que tu es absent depuis plusieurs jours !" Et elle le caressa et le fit asseoir auprès d'elle. Elle lui fit mettre la tête sur ses genoux et après beaucoup de choses elle finit par lui dire : "Tu vois, je t'aime bien ; mais tu sais aussi que je suis curieuse ; eh bien, contente-moi, une fois, et dis-moi comment il faut faire pour te tuer ? Tu ne dois rien craindre puisque, corps sans âme, tu ne dois point pouvoir mourir ; or, je suis bien contente de cela, car je n'ai rien à craindre que tu me laisses." Le sorcier lui répondit : "Je te le dirai, car tu ne peux me trahir. Pour me tuer, il faut qu'il se trouve un lion qui mette à mort un lion noir qui est dans le bois ; le lion tué, il en sortira un chien, et il faut qu'il se trouve un autre chien qui tue le premier. De ce chien sortira un aigle, si un autre aigle le tue et lui enlève l'oeuf qui se trouve à l'intérieur et brise cet oeuf sur mon front, je suis bel et bien mort ; cela te paraît-il facile ?" Pendant ce temps Giouanin, qui avait tout entendu, changé en fourmi, sortit de l'habitation ; changé en aigle, il vola dans la forêt où il se changea en lion. Il ne fut pas longtemps à trouver le lion noir, il l'attaqua et le tua ; il en sortit l'aigle, il se changea en aigle, le poursuivit, le tua et en retira l'oeuf, et retourna au château.
Le sorcier s'était mis au lit et se sentait de plus en plus malade. Giouanin, en arrivant, trouva la princesse toute contente et lui donna l'oeuf en disant : "Maintenant c'est à toi d'agir." La princesse lui répondit ! "Comment as-tu fait ? - Peu importe, va !" Elle entra dans la chambre du sorcier qui lui demanda une tasse de bouillon en lui disant : "Quelqu'un m'a trahi, je sens que tout est fini pour moi !" Elle le consola, apporta le bouillon et, pendant qu'il buvait, elle lui brisa l'oeuf sur le front ! Le sorcier était mort !

La princesse et Giouanin, contents et heureux, ouvrirent toutes les fenêtres du château. Ils virent une barque de pêcheurs qui s'approcha et ils appelèrent en faisant des signaux indiquant aux pêcheurs que le sorcier était mort. Puis ils embarquèrent avec les trésors du sorcier pour retourner à la cour du roi. Les pêcheurs, apprenant que c'était la fille du roi que Giouanin avait sauvée, pensèrent qu'ils pouvaient le faire mourir et dire que c'étaient eux qui avaient tué le sorcier. L'un d'eux dit à Giouanin : "Regarde quels beaux poissons !" Et pendant qu'il regardait, d'une poussée de la main, il le jeta à l'eau ; puis il dit à la princesse : "Tu vois qu'il est perdu et noyé : je veux que tu dises que c'est nous qui t'avons délivrée ou ta fin est résolue." Quoique de mauvais gré, elle promit ce qu'on voulait.
Arrivés au palais, le roi ordonna un grand festin pour célébrer le mariage de sa fille avec un des pêcheurs ; mais Giouanin, après avoir bien nagé, avait mis les pieds hors de l'eau, avait fait sécher la plume de l'aigle, se l'était mise et enfin était venu se poser sur une des fenêtres du palais. Il apparut dans la salle du festin. A peine la princesse, qui était aux côtés du pêcheur, l'eut-elle vu qu'elle lui sauta au cou en s'écriant : "C'est lui qui m'a délivrée : celui-là l'a jeté à l'eau pour le noyer et voulait me tuer si je te le disais !" Le roi fit aussitôt pendre les pêcheurs et donna sa fille à Giouanin. Il fut fait un grand repas de noces ; quant à moi, ils m'ont jeté un os que j'ai encore au genou.

W. JAMES BRUYN ANDREWS, Contes ligures, 1892
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