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 La dédaigneuse corrigée

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Joa
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Joa


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La dédaigneuse corrigée Empty
MessageSujet: La dédaigneuse corrigée   La dédaigneuse corrigée EmptyVen 11 Mai - 10:28

y avait une fois un roi qui avait une fille unique. Cette princesse, d'une beauté sans pareille, était tellement orgueilleuse et fière que le peuple la détestait et son entourage la supportait par respect pour le roi : la princesse n'était jamais satisfaite, rien n'était assez beau ou bien pour elle, le roi en était justement alarmé ; mais que faire contre sa fille qu'il adorait ? Quand elle fut en âge de se marier, le roi lui dit que plusieurs princes venaient solliciter l'honneur de sa main. La princesse répondit qu'elle ne se marierait qu'avec un prince parfait et sans aucun défaut physique. Le roi envoya une lettre dans toutes les cours, conviant les princes à la conquête de sa fille. Tous se rendirent à l'invitation du roi, mais aucun ne fut agréé ; elle leur trouva à chacun un défaut qu'elle leur reprocha en face. Quand ils furent partis, le père désespérait de la voir jamais se marier.
Un jour on annonça l'arrivée du dernier invité. Ce prétendant était aussi beau que la princesse était belle. Quand elle le vit son coeur tressaillit, mais elle ne voulut pas déroger de son caractère arrogant, elle dit : "Père, celui-ci, je l'aurai peut-être accepté s'il n'avait pas un fil tordu dans sa barbe." Le père lui répondit : "Quand vous serez mariés, tu le lui tireras en riant." Mais le prince qui était très galant vint s'agenouiller devant elle en la priant de débarrasser sa barbe de ce vilain fil tordu qui ne lui plaisait pas. Alors elle en prit un au hasard et le mariage se fit. Ils partirent immédiatement après être convenus que le père viendrait assister à la cérémonie religieuse ; le jeune prince eut avec le roi un entretien particulier lui désignant l'époque du mariage et ils partirent.
Quand ils arrivèrent dans leur pays, le soir même on endormit la princesse et on la porta dans une cabane de bergers ; là on lui enleva tout ce qu'elle portait, on lui passa une chemise de grosse toile et on déposa près de la maigre couchette des habits de bergère. Le lendemain, quand elle ouvrit les yeux et qu'elle se vit dans cette cabane pleine de brebis, de chiens, avec trois vieillards à vénérable barbe blanche, elle poussa un cri d'épouvante et demanda où elle était. Le plus jeune des vieillards lui dit : "Tu es chez toi, ma fille, est-ce que tu ne connais plus ta demeure et tes parents, ou bien es-tu malade ce matin pour agir comme tu le fais ?" Mais elle s'écria : "Je ne suis pas chez moi ici, au milieu de bêtes et de vieillards." Les trois hommes se mirent à rire de bon coeur et un peu bruyament, puis l'un d'eux dit aux autres : "Elle a rêvé, la petite." Le plus vieux dit : "Fille et femme de roi, en voilà un drôle de rêve ! Allons, fille, lève-toi, tu vois bien que les bêtes nous attendent, elles veulent partir aux champs." Elle se mit à pleurer à chaudes larmes, elle qui ne savait pas pleurer ; elle se leva et, quand elle vit les habits qu'elle avait sur elle, son coeur se serra. L'un des vieux dit : "Père, partez avec votre petite fille, l'oncle et moi nous vous rejoindrons." On donna le panier aux provisions à la bergère, ces provisions étaient bien modestes, du pain bis et un peu de fromage. La malheureuse se résigna, elle obéissait docilement aux ordres des parents (père, grand-père et grand-oncle). A midi, ils dirent : "Allons, petite, sers-nous le déjeuner." Elle prit le panier et présenta le pain et le fromage, mais elle n'y toucha pas. Les hommes, après le déjeuner, se mirent à tresser des paniers à fromage et ils dirent : "Fille, prends les joncs et tresse avec nous." Elle dit qu'elle ne savait pas, mais le grand-père lui montra et enfin, au bout de quelques jours, elle croyait réellement qu'elle avait rêvé. Alors, elle s'attacha à ses bêtes, et celles qu'elle aimait le mieux elle leur donna le nom de fleurs, Rose-Blanche, Marguerite, Pâquerette, si bien que le matin, sans même ouvrir les yeux, elle les appelait et toutes elles accouraient pour recevoir les caresses de leur bergère.

Au bout de trois mois, on l'endormit de nouveau et on la ramena au palais. Le matin, elle commença l'appel des bêtes ! Le mari était là attendant son réveil, il lui dit : "Madame, vos femmes de chambre s'appellent Marie, Gabrielle, Louis, Lucie." Alors elle ouvrit les yeux, il faisait très noir dans la chambre, elle dit : "Moi, je ne suis qu'une simple bergère dans mon humble cabane." Le prince ouvrit les rideaux et se précipitant auprès d'elle lui dit : "Seriez-vous malade ? Est-ce le voyage qui vous a fatiguée ou bien avez-vous rêvé ?"
Au même instant la porte s'ouvre et les trois misérables vieillards font leur entrée solennelle ; ils viennent s'incliner devant la princesse, elle crie : "Mon père, grand-papa et mon oncle ! - Etant ceux de votre auguste époux, nous sommes les vôtres", lui disent-ils. Son père entre aussitôt, il embrasse sa fille qu'il ne reconnaît plus du tout. La pauvre princesse pleurait abondamment, ses larmes étaient toutes de reconnaissance et de bonheur. Le mariage fut célébré, très modestement, et par son ordre. Elle fut une reine modèle, et souvent elle parlait de Rose, de Pâquerette, de Marguerite, avec plaisir, et regret de ne pas les avoir près d'elle.

Julie FILIPPI, "Contes de l'île de Corse", Revue des traditions populaires, 1907
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