En Provence, les sorcières, les sorciers et tous les êtres surnaturels étaient appelés les Masques. Ces adeptes de la sorcellerie étaient immanquablement âgés, laids, avaient un nez crochu et des yeux roussis par les feux de l'enfer ! Et dans cette grande famille démoniaque, les paysans n'hésitaient pas à mettre également les personnes marquées d'une infirmité, les boiteux, bossus, borgnes, bigles ou bègues, ceux qui étaient marqués du B, comme l'on disait alors. Sorcières et sorciers vivaient dans des lieux isolés en compagnie de quelques animaux maudits, le plus redouté d'entre eux étant le chat noir, incarnation du diable. Pourtant, les braves gens leur reconnaissaient un immense pouvoir et les consultaient souvent pour nuire à leur voisin où se venger d'un mauvais coup. Du simple sort jusqu'à l'envoûtement de mort, la palette de maléfices était très variée ... Et lorsqu'un paysan se croyait "emmasqué", il ne lui restait plus qu'à faire appel eu "démasquaïre". Lui seul était capable de contrer les charmes de Masques. Ce bon sorcier connaissait aussi les recettes qui guérissaient le corps et le coeur, et l'on faisait appel à lui bien plus souvent qu'au docteur du village.