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 Les trois frères et le géant

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Joa
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Joa


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MessageSujet: Les trois frères et le géant   Les trois frères et le géant EmptyMer 6 Juin - 16:25

Cette histoire est une version picarde du conte repris et popularisé en 1697 par Charles Perrault sous le titre le Petit Poucet.

Une bonne femme avait trois enfants, tous garçons ; le premier nommé Jean, le second Jeannot et le troisième Jeannois. Ces trois enfants passaient pour les plus malins du canton et la bonne femme en était heureuse, comme bien vous pensez. Un beau jour,, elle se rendit au bois avec eux pour y ramasser du bois mort et en faire des fagots pour l'hiver qui s'approchait. Les enfants eurent bientôt assez de rechercher des morceaux de bois sec et, préférant cueillir des mûres, des noisettes et des cornouilles, ils quittèrent leur mère et s'enfoncèrent dans le taillis, si loin et si loin qu'ils n'entendirent pa le cris et les appels de la bonne femme, qui bientôt les crut retournés au village et rentra à la maison. Le soir arriva bientôt, et Jean, Jeannot et Jeannois s'aperçurent avec terreur qu'ils étaient perdus dans le bois.
"Que faire ?" dit Jean. "Que faire !" reprit Jeannot. "Que faire ?" ajouta Jeannois.
Ils n'en savaient trop rien, et ils commençaient à entendre les hurlements des renards et des loups dans l'épaisseur de la forêt. A la fin, Jean l'aîné eut une inspiration. Il grimpa au haut d'un grand chêne qui poussait près de là et se tourna dans toutes les directions pour observer le voisinage. Il découvrit une lumière qui brillait dans le lointain et en ayant bien observé la direction, ils descendit du chêne et marcha avec ses frères dans le sens de la lumière. Arrivés hors du bois, ils virent un palais devant eux et allèrent frapper à la porte.
- Pan ! Pan !
- Qui est là à cette heure ?
- Nous sommes trois petits enfants égarés dans la forêt et nos désirerions passer la nuit dans ce beau palais. Voulez-vous nous y donner l'hospitalité ?

Une jeune femme entrebâilla la porte.
- Vous ne savez pas que c'est ici le palais du Géant à la Barbe d'Or ? Il est sorti en ce moment et il ne tardera pas à rentrer. Si vous m'en croyez, hâtez-vous de vous enfuir, car il pourrait vous tuer et vous manger, comme il l'a fait à bien des personnes.
- Mais, madame, nous ne savons où aller par cette nuit noire. Cachez-nous bien quelque part et demain, à la pointe du jour, nous partirons sans que le Géant se doute de rien.
La femme se laissa attendrir et fit entrer les enfants dans le château. Elle les fit descendre à la cave et leur donna de bons gâteaux à manger. Puis, entendant dans le lointain le pas du Géant, elle recommanda aux petits égarés de se bien cacher derrière un gros tonneau et remonta comme si de rien n'était.
Le Géant à la Barbe d'Or avait fait une longue course et se mourait de soif. Il descendit à la cave pour se rafraîchir, malgré sa femme qui l'engageait à aller se coucher.
- On sent ici la viande fraîche, grommela le Géant en arrivant près du tonneau derrière lequel se tenaient blottis les enfants.
Comme il avait grand'soif, il enleva la bonde, souleva le tonneau comme une paille et but à même. En déposant la grande pièce de vin sur le sol, il blessa le petit Jeannois qui ne put s'empêcher de pousser un cri.
- Ah ! ah ! s'écria le Géant à la Barbe d'Or, je le disais bien que je sentais la viande fraîche ! C'est bon, c'est bon ! Je vais vous remonter et vous tuer ; j'aurai un excellent déjeuner pour demain.
Il prit les trois malheureux garçons par une main et les remonta dans la cuisine. Mais la femme, qui avait entendu ce que venait de dire le Géant, s'était hâtée de cacher son grand couteau et son mari eut beau le chercher, il ne put parvenir à le trouver.
- C'est bien, c'est bien ! Vous ne perdrez rien pour attendre ! Femme, mets ces trois enfants dans la chambre de mes filles et donne-leur un lit. Je les tuerai demain. La chair sera plus fraîche.

La femme obéit en tremblant et tout le monde se coucha.
"Nous sommes dans une bien mauvaise position", pensa Jeannot. Et il descendit du lit pour voir qu'elles étaient les filles du Géant qui dormaient dans le lit voisin.
La lune s'était levée, et Jeannot s'aperçut que les jeunes filles portaient une couronne d'or sur la tête et que, comme eux, elles étaient trois.
"Si le Géant se levait et venait nous tordre le cou pendant la nuit, pensa Jeannot. Ce serait bien possible, tout de même ! Je vais enlever les trois couronnes et les placer sur ma tête et sur celle de mes frères. Le Géant pourra s'y tromper."
Il fit comme il venait de penser et se recoucha. Il était temps. Le Géant à la Barbe d'Or avait bu trop de vin et se trouvait fort mal dans son lit. Pour tuer le temps, il se résolut à se lever et à aller tuer les trois petits garçons que le hasard lui avaient envoyés. Il vint au lit où ces derniers faisaient semblants de dormir et prit la tête de Jean.
" Imbécile, se dit-il j'allais tuer mes filles. Je me suis trompé de lit."
Et il alla à l'autre lit et tordit le cou à ses propres enfants. Puis, satisfait de son ouvrage, il alla se recoucher. Jean, Jeannot et Jeannois s'habillèrent à la hâte et s'échappèrent par une fenêtre. Jugez de la stupéfaction et de la colère du Géant s'apercevant le lendemain, à son réveil, de ce qu'il avait fait pendant la nuit. Il en devint plus méchant que par le passé et se mit à voyager par tout le pays, tuant les voyageurs, massacrant le paysans, et bravant les armées que le roi envoyait contre lui.
Quant à Jean, Jeannot et Jeannois, ne sachant de quel côté se diiger, ils prirent enfin une grande route qui, au bout de deux jours de marche, les conduisit à la capitale du royaume. Ils demandèrent à parler au roi et lui racontèrent leurs aventures dans le palais du Géant à la Barbe d'Or. Le roi voulut les avoir pour pages à partir de ce jour.
J'ai dit que le Géant, rendu furieux par la mort de ses enfants, s'était mis à ravager tout le royaume. Ceci dura pendant deux ou trois ans. Bien des chevaliers étaient partis pour le combattre et aucun d'eux n'était revenu. Aussi le roi tremblait dans son palais, craignant que quelque jour il ne prît fantaisie à cet homme redoutable de venir l'attaquer dans sa ville.
Un jour, Jean, l'aîné de trois pages, vint trouver le roi et lui demanda la main de sa fille aînée avec le titre de chevalier. Le roi refusa d'abord, puis, en réfléchissant, il dit au page :
- Je consens tout de même à t'accorder ce que tu désires, à la condition que tu t'en montreras digne. Tu n'as pas oublié ce fameux Géant à la Barbe d'Or, qui manqua de vous tuer tous, tes frères et toi. Eh bien ! rapporte-moi sa barbe d'or et je te jure de te nommer chevalier et de te donner ma fille en mariage.
Jean accepta. Le roi voulut lui donner des armes comme celles des chevaliers, mais il refusa. Il prit la route que ses frères et lui avaient suivie autrefois et il se rendit au château du Géant. C'était en plein jour, et le page sonna du cor.
- Que veux-tu ? demanda l'homme à la Barbe d'Or.

- Je veux me mesurer avec toi demain matin. J'ai battu tous les géants que j'ai pu rencontrer jusqu'ici et je veux te battre comme les autres.
- Tu es bien jeune, beau page ; mais qu'importe. Entre dans mon château et demain nous nous battrons.
Jean ne se fit pas prier et entra dans le palais du Géant à la Barbe d'Or, qui voulut le faire dîner avec lui. Le page accepta, et pendant que le Géant avait le dos tourné, il lui versa une liqueur ayant la propriété d'endormir pour plusieurs jours.
- A ta santé !
- A ta santé !
Et le page et le Géant vidèrent leur verre d'un seul trait. Au même instant, le dernier tomba sous la table et se mit à ronfler si fort que tout le château en tremblait. Sans perdre de temps, le jeune homme prit des ciseaux qu'il avait apportés et coupa la barbe d'or du Géant. Puis il quitta le palais et retourna à la capitale où il arriva deux jours après. Le roi fut bien étonné ; il avait promis sa fille au page et il la lui accorda, lui disant qu'il le nommerait chevalier plus tard. A quelque temps de là, Jeannot vint, lui aussi, trouver le roi.
- Monsieur le roi, dit-il, j'aime votre fille Marie et je crois qu'elle m'aime. Voulez-vous me nommer chevalier et m'accorder sa main ?
- Mais tu n'as rien fait, à ma connaissance, pour mériter cet honneur.
- Je suis prêt à m'en montrer digne. Commandez, et je vous obéirai.
Le roi réfléchit, et enfin :
- C'est bien. Tu auras ce que tu me demandes quand tu m'auras apporté le sabre du Géant que tu connais bien.
Jeannot accepta et partit pour le château du Géant n'emportant ni armes ni bouclier. Il y arriva au bout de deux jours et sonna du cor.
- Ah ! ah ! s'écria le Géant, encore un qui veut me voler ! C'est bon, je vais y mettre ordre.
- Je ne viens pas pour cela ; on m'a dit seulement que vous pouviez boire pus de vin que personne au monde, et je suis venu pour me mesurer avec vous.

- Est-ce bien vrai ?
- Tout ce qu'il y a de plus vrai ! Mais je crois fort que je vous battrai. Je puis boire cinquante pièces de vin sans en être incommodé.
- Nous verrons ; nous verrons. Entre au château, je suis prêt à lutter avec toi. Mais qui commencera le premier ?
- A vous l'honneur !
- Entendu !
Jeannot descendit à la cave du Géant, et celui-ci voulant boire du plus qu'il pouvait, avala tant et tant de vin que bientôt il chancela et tomba ivre mort. Jeannot lui prit son sabre et le reporta au roi plus étonné encore que lorsque Jean était revenu avec la barbe d'or. Jeannot épousa la princesse Marie, mais le roi ne le nomma pas de suite chevalier. Il ne restait plus que Jeannois.
- Monsieur le roi, vint-il dire un jour au roi, j'aime votre fille cadette ; elle m'aime aussi et je viens vous demander sa main et le titre de chevalier.
- Tout cela est fort bien. Mais il faut le mériter.
- Commandez, et je ferai ce que vous ordonnerez.
Le roi réfléchit encore, et enfin :
- Tes frères ont pris la barbe et le sabre du Géant. Pourrais-tu me l'apporter au palais dans une cage de fer ?
- Je vais essayer, monsieur le roi ; adieu !
Jeannois fit faire une grande voiture de fer et se rendit au château du Géant.
Là, il sonna du cor.
- Que veux-tu ? Ver de terre ! Poussière du néant !
- Laissez-moi entrer dans votre château et je vous le dirai.
- Ah ! tu es de ces pages qui m'ont volé ma barbe d'or et mon sabre. Je vois ce que tu veux et je vais te tuer.
- Un instant, s'il vous plaît. Ne vous emportez pas. Je viens justement vous chercher pour reprendre ce qu'on vous a volé. Les deux pages sont seuls dans un château lointain, et j'ai amené ma voiture pour nous y transporter plus vite.
Le Géant se laissa encore duper et monta dans la voiture de fer où il se trouva enfermé. Et vite Jeannois revint à la cour. Le roi fut tout heureux, comme de juste, d'être débarrassé du brigand, qui fut brûlé dans un immense bûcher élevé sur la grande place de la ville. Jeannois épousa la princesse qu'il aimait et le roi nomma les trois frères chevaliers de son royaume. Pendant les fêtes qui furent données, la mère de Jean, Jeannot et Jeannois arriva à la ville toujours à la recherche de ses enfants. Jugez de son bonheur et de celui de ses fils.

Emile-Henri CARNOY, Littérature orale de la Picardie, 1883
Raconté en 1882 par Joseph VOUAUX, âgé de 9 ans
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