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 Le maréchal

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Joa
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Joa


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Le maréchal Empty
MessageSujet: Le maréchal   Le maréchal EmptyDim 24 Juin - 9:36

C'était une bonne femme qui avait un petit garçon, bien entêté, méchant, vicé. Elle attendait à lui faire faire sa première communion pour l'envoyer chez les autres.
Un jour, il trouva cinq sous. Et puis après, il rencontra dans son chemin un pauvre qui, lui demanda la charité : et puis il lui donna ses cinq sous :
- Tiens ! qu'il dit, je les ai trouvés, je ne veux pas les garder ; Te les voilà.
- Hé bien ! qu'il dit, mon garçon, tous ce que tu demanderas, tu l'auras.
Il entendait une voix à côté de lui qui lui disait :
- Demande donc le Paradis ! Demande donc le Paradis !
- Ah ! je me fous autant du Paradis que du Parasol !
Il dit :
- Je ne demande que trois choses. je demande à avoir un fusil, tout ce que je tirerai, je veux le tuer. Et je veux avoir un violon, quand je violonerai, je veux que tout le monde danse. Et, à toutes les fois que je ferai, hem ! je veux que ma mère pète.
Et puis, voilà que le curé dit à la femme :
- Il aime bien la chasse, à ce qu'il paraît, votre fils ?
- Oui, monsieur le curé.
- Hé bien, vous lui direz que j'irai chasser demain avec lui.
Ils ont fait une longue tournée ; ils n'ont rien trouvé, rien, rien ; pas pu tirer un coup de fusil.
En se rendant, ils ont rencontré un merle dans une broussée d'épines, qui chantait. Le curé lui dit :
- Dis donc, petit, toi qui tires bien, tue-m'le !
- Monsieur, qu'il dit, si vous voulez aller le chercher, je garantis de le tuier.
- Oh ! j'irai bien le chercher, qu'il dit.
L'enfant tire un coup de fusil au merle et le tue ; et le curé a été le chercher.
Quand il a été au milieu de la broussée d'épines, voilà que l'enfant prend son violon, se met à violoner, et le curé se met à danser, au milieu de la broussée d'épines :
- Lâche, lâche, petit lâche ; je n'irai plus chasser avec toi, tu es un câlin !
Ils se sont rendus à la maison, et le curé a raconté ça à la bonne femme ; qu'il dit :
- Ma chère femme, votre enfant est possédé du démon.

Voilà que le lendemain, c'était le dimanche, la mère s'en va à la messe pour pardonner les péchés de son fils. Le fils qui suivait par-derrière, qui faisait sans cesse hem ! hem ! Et la mère proutt ! proutt ! Cette pauvre femme a eu honte et s'en est retournée ; et l'enfant qui riait sous sa calotte, lui, par-derrière !
Voilà que l'enfant s'est rendui ; prit son paquet et se mit en route, se mit garçon maréchal. Et, en apprenant son métier, il s'est marié dans son tour, n'ayant aucune avance. Il a été obligé de faire un emprunt de dix mille francs. L'emprunt, c'est le diable qui a prêté ça ; il lui a prêté pour dix ans.
Au bout des dix ans, le diable est venu chercher son argent.
C'était une fée qui était la marraine du maréchal, elle lui dit :
- Mon fils, tu sais que tu es à bout de tes dix ans ; le démon va venir chercher son argent ; voici une petite baguette, tu n'auras qu'à dire : "Par la vertu de ma petite baguette, lappe (attrape) !" Et tu feras lapper tout ce que tu voudras. Et puis, tu mettras dans ta boutique un beau fauteuil.
Le diable arrive et lui dit :
- Hé bien ! dis donc, nous sommes à bout, hein, aujourd'hui ; il me faut mes dix mille francs ou toi.
- Ah ! je n'ai rien, que dit l'autre.
- Hé bien, je vais t'emmener.
- Ah, je veux bien.
Le maréchal s'en va chez lui, en disant au diable :
- Tu veux bien que je dise adieu à ma femme et à mes enfants ?
- Oui, oui, qu'il dit, va vite !
En attendant, le diable s'assied sur le fauteuil.
Le maréchal retourne bien vite qui dit :
- Par la vertu de ma petite baguette, lappe !
Et voilà qu'il appelle sa femme et ses enfants :
- Arrivez ! qu'il dit ; il est pris ; que nous l'assassinions ce grand diable !
Tout le monde tapait dessus à grands tours de bras.
Quand le diable s'est vu payer comme ça, il dit :
- Lâche-moi, je t'en donne encore pour dix autres années !
Quand son gendre et son fils l'ont vu arriver, ils ne le reconnaissaient plus, tellement il était défiguré.
- Tu n'y iras plus, lui dit l'enfant ; j'irai à mon tour, moi, et je me charge de l'apporter ; laisse venir les dix ans !

Au bout des dix autres années, c'est le fils du diable qui a été chercher ces dix mille francs ; qu'il dit :
- Je ne ferai pas comme toi, mon père ; je ne m'assierai pas sur le fauteuil.
Le fils du diable s'est accoté contre l'enclume.
- C'est aujourd'hui, qu'il dit, que nous en finissons, hein ? Il faut régler d'une manière ou d'un autre.
- Hé, que dit le maréchal, je n'ai rien, je n'ai point d'argent à te donner ; je vais m'en aller avec toi ; mais tu veux bien me permettre d'aller dire adieu à ma femme et à mes pauvres enfants !
- Oui, oui, va vite !
Le maréchal retourne avec sa petite baguette ; le fils diable était appuyé contre l'enclume.
- Par la vertu de ma petite baguette, qu'il dit, lappe !
Le voilà encore pris !
Voilà qu'il avait des enfants de grands. Il les appelle, et tout le monde de cogner dessus à grands tours de bras.
- Ah ! qu'il dit, lâche-moi ! Va, qu'il dit, pour moi, je t'en fais cadeau.
Quand le père diable et le beau-frère ont vu revenir le fils diable, ils ne le reconnaissaient plus :
- Ce n'est pas lui, bien sûr !
- Mais si, c'est lui !
- Pas possible.
- Hé bien ! que dit le gendre, ce sera mon tour dans dix ans ; et moi je ne m'assiérai, ni ne m'accoterai, je marcherai tout le temps.
Au bout de dix autres années, le gendre est venu chercher l'argent.
- Hé bien, maréchal ! C'est-il aujourd'hui que nous y sommes ?
- Oui, oui, oui, qu'il dit, je suis toujours là, moi.
- Tu sais, qu'il dit, tu as massacré mon beau-père et mon beau-frère ; mais moi je ne serai pas si bête qu'eux. Allons, dépêche-toi de m'apporter de l'argent ou je t'emmène !
- Hé ! qu'il dit, tu veux bien que je dise adieu à ma femme et à mes pauvres enfants ? Enfin, qu'il dit, maintenant il n'y a qu'un petit arbre dans mon jardin qui a du fruit, tu veux bien que j'en mange une dernière fois.
- Attends, attends, je veux aller avec toi, tu y resterais peut-être bien !

Il n'a pas voulu le laisser monter, c'est lui-même, le gendre du diable, qui est monté dans l'arbre.
- Par la vertu de ma petite baguette, que dit la maréchal, lappe ! Tu es pris comme les autres.
Le maréchal retourne bien vite à sa fournaise et fait chauffer des baguettes de fer.
- Attends que je te paie tes intérêts !
Et les voilà tous et zag ! et zag ! dans les fesses.
- Ah ! lâche-moi, qu'il dit, maréchal. Pour moi, je te fais cadeau de tout. Je crois que tu le garderas longtemps à présent.
Au bout de quelques temps, le maréchal est mort, et on a mis avec lui sa massue dans sa tombe ; et quand il a été à la porte du Paradis, saint Pierre a dit :
- Tu t'es moqué du Paradis comme du Parasiol, va-t-en là-bas à cette porte rouge, c'est là ta place !
Quand le diable a vu venir le maréchal :
- Fermez la porte, qu'il dit, le voilà qui vient nous chercher à présent, il nous finirait !
Et le maréchal passe maintenant sa vie dans le corridor.

Léon Pineau, Contes, récits et légendes des pays de France
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