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 Mélusine

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Joa
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Joa


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Mélusine Empty
MessageSujet: Mélusine   Mélusine EmptyDim 24 Juin - 9:56

Mélusine, célèbre fée du Poitou, laissa des traces partout en France, où on lui attribue maintes constructions. Ce personnage de la mythologie populaire française fut repris en 1393 par Jehan d'Arras dans un roman en prose et, dix ans plus tard, par Couldrette, libraire parisien, qui publia en vers uen version de cette histoire.

Il était une fois un jeune et beau seigneur qui était parti, depuis le matin, à la chasse dans une forêt ; les forêts de France étaient alors si grandes que n'importe qui pouvait s'y perdre, et si anciennes qu'elles étaient pleines de secrets et de personnages merveilleux. Le jeune seigneur s'anima si bien à chasser, qu'il perdit ses compagnons, et que, pour les rejoindre, il chemina et s'égara encore davantage. Enfin, il décida de monter à un grand arbre pour tenter de voir quelque chose. Comme il était déjà haut dans les branches, son cheval prit peur, disparut, et se perdit à son tour. Enfin, dominant la haute forêt, le jeune seigneur perçut un grand rocher. Il se mit en route, et entrevit bientôt une clairière dans laquelle des voix de jeunes demoiselles riaient et chantaient. 5ac
Du rocher tombait une claire fontaine. Elle s'appelait la Source-aux-Fées. Elle se terminait par un grand bassin plein d'eau transparente. Une demoiselle de magnifique apparence se tenait près de cette fontaine. Elle venait de s'y baigner, car ses deux servantes achevaient de rajuster, en se jouant et en chantant, ses beaux habits tout brodés d'or. En entendant venir quelqu'un, la demoiselle se retourna. Son visage était si beau et si doux que le jeune seigneur, sur-le-champ saisi d'admiration et d'amour, ôta son chapeau et mit genou en terre :
- Où allez-vous, beau sire, dit la noble demoiselle, et qui êtes-vous ?

- Je suis Raymondin, neveu du comte de Poitiers. Je chassais dans cette forêt, tant et si bien que je m'y suis perdu. Mais puisque je vous ai trouvée, rien ne pouvait m'arriver de meilleur. Si d'avoir tout mon coeur rempli d'amour pour vous ne vous semble pas une offense, laissez-moi vous demander, demoiselle, si vous voudriez m'épouser. Sinon, je sens bien que je mourrai.
- Je ne veux pas que vous mouriez, lui dit-elle. Je m'appelle Mélusine, et je suis fille d'un prince. Je vous épouserai, mais à une condition : par suite d'un sort qui a été jeté à ma famille, je dois, sans pouvoir m'y dérober, me renfermer et faire pénitence, seule et cachée, chaque samedi, tant que le jour dure. Si vous cherchiez à me voir, à me parler, à dévoiler mon secret, je serais à jamais perdue et vous ne me reverriez j 5a4 amais plus.
Le jeune seigneur jura qu'il ne chercherait jamais à voir ni à savoir. La demoiselle Mélusine frappa dans ses belles mains. Des servantes apparurent, avec des chevaux aux harnais pleins de pierreries. Ainsi Raymondin partit avec Mélusine, l'épousa au cours de noces magnifiques, et revint avec elle près de la forêt, où elle fit bâtir, sur le rocher, avec les grandes richesses qu'elle eut en dot, un beau château qui est celui de Lusignan.
Dans son château, Raymondin était chaque jour plus heureux avec sa femme Mélusine, qui lui avait donné deux beaux petits enfants. Mais chaque samedi elle s'enfermait et disparaissait tout le jour, comme elle l'avait dit, sans que nul ne pût la voir ni savoir ce qu'elle faisait. Son mari observait sa promesse, et ils vivaient riches et dans le bonheur. Mais Raymondin avait un frère qui était jaloux de son mariage, de son bonheur et de toute la prospérité du seigneur de Lusignan. Un jour, ce frère lui dit :
- Je te trouve bien confiant et bien complaisant. Hé quoi ! Tu n'as une femme que six jours par semaine, et tu ne sais même pas ce qu'elle devient le septième ! Tu n'es pas curieux. A ta place, et puisqu'elle est mère de tes enfants, je voudrais tirer au clair ce mystère. C'est ton droit et ton devoir.
Raymondin ne répondit rien, mais ces paroles le rongeaient. Le samedi suivant, il alla écouter à la porte des chambres où la belle Mélusine s'enfermait à triple 5ac verrou et disparaissait aux yeux de tous. Son frère surprit Raymondin à écouter ainsi et le défia :
- Puisque tu fais tant que d'écouter, autant regarder, pour en finir.
Raymondin tout en colère, et pour montrer à son frère ce dont il était capable, sortit son poignard de sa ceinture, en frappa si rudement la porte qu'il y fit un trou, et regarda. Il vit, au milieu d'une chambre dallée en marbre, un grand bassin plein d'eau, et dans ce bassin Mélusine, belle comme jamais, mais qui nageait bien tristement, ayant le bas du corps, à partir des hanches transformé en serpent. Raymondin poussa un cri d'horreur, et Mélusine lui dit, à travers la porte :
- Mon mari et mon seigneur, pourquoi as-tu trahi ton serment ?

Mais, fou de chagrin, il répondit :
- J'avais juré à une femme. Je n'ai rien juré à une femme-serpent. Êtes-vous un fantôme, ainsi que mes enfants ? Et tout mon bonheur n'est-il que sortilèges ?
La pauvre Mélusine poussa un si grand cri qu'il s'entendit du château jusque dans tous les villages d'alentour.
- Tu m'as perdue et j'ai tout perdu ! gémit-elle. Alors, elle s'envola par la fenêtre, et disparut à jamais.
Ainsi, par la faute de son parjure, le seigneur de Lusignan perdit sa bien-aimée femme Mélusine, victime d'un sortilège affreux et captive à jamais dans un monde où les humaines ne pénètrent pas. Mais les deux petits enfants de Mélusine, qui étaient tant choyés et cajolés par leur 57c mère, pleuraient dans leurs petits berceaux et l'appelaient vainement. Et Raymondin, tout le jour et sans parler à personne, allait de salle en salle dans son château et se rongeait le coeur. Enfin, un matin, les servantes prirent tout leur courage et vinrent à lui :
- Notre sire, lui dirent-elles, les deux petits seigneurs vos fils sont maintenant bien sages. Or - et nous ne savons qu'en penser - chaque matin, quand nous venons dans leur chambre, il y a, sur le sol, comme une grande trace mouillée près de chaque berceau.
Puis, terrifiées, elles se signèrent et se sauvèrent. Alors, le sire de Lusignan voulut savoir. Dès le soir, il se cacha dans une pièce, près de la chambre des enfants. La nuit venue, il entendit un bruit dans l'air, dehors, et vit entrer par la fenêtre, belle come jadis, le bas de son pauvre corps enveloppé de longs voiles mouillés, Mélusine, Mélusine qui se traîna en pleurant jusqu'auprès de ses petis enfants. Elle les prit, l'un après l'autre, dans ses bras, les baisa bien tendrement, peigna leurs cheveux, et les pressa contre son coeur. Et son mari l'entendait gémir tout bas :
- Mes petits, mes chers enfants, que deviendrez-vous sans votre mère ?
Et Raymondin tomba tout de son long par terre et n'osa se montrer devant celle que son parjure avait perdue.

Roger DEVIGNE, Légendaire de France, 1942
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