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 L'abbé sans soins

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AuteurMessage
Joa
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Joa


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MessageSujet: L'abbé sans soins   L'abbé sans soins EmptyDim 24 Juin - 10:02

C'était un abbé qui était très riche, et il dépensait son avoir tout en noces et en festins. Deux fois par semaine, il invitait ses métayers et ses voisins à faire bombance ; et il y avait des cornemuseux : tout pour les divertir. Cela a été porté aux oreilles du roi, qui n'en fut point content. Le roi vint avec son escorte. C'était justement un jour de noces. Sitôt arrivé, l'abbé dit aux soldats :
- Passez, passez tous à la table !... Eh bien ! Et toi ? Tu n'y vas pas, toi aussi ? qu'il dit au roi.
- A qui parles-vous donc ?
- Hé ! mais à vous. Passez donc à table !
- Apprenez que je suis votre roi !
- Ah ! Sire ! ah ! ...
Voilà l'abbé bien penaud, bien ennuyé. Le roi lui dit :
- Vous allez venir chez moi, un tel jour, et je vous demanderai quatre questions ; si vous n'y r 5ac épondez pas, vous êtes un homme mort !
- Eh bien, Sire, qu'est-ce que vous me demanderez donc ?
- Vous me direz où se trouve le milieu de la Terre ; combien la Lune pèse ; et ensuite combien je vaux.
Vous pensez si ça le mettait en peine.
- Et puis je vous demanderai ce que je pense, et vous me le direz.
Voilà un abbé bien embarassé. Plus de noces, bien entendu. Et tout le monde était désolé : monsieur l'abbé ne fait plus de noces ! Il avait un moulin sur un petit ruisseau qui n'avait pas beaucoup d'eau, mais enfin, c'était tout de même un bon moulin ; un jour qu'il se promenait par là,le meunier vint qui lui dit :
- Mais, monsieur l'Abbé, qu'avez-vous donc à être si triste depuis quelques temps, vous qu'étiez si gai autrefois ?

- Ah ! mon pauvre meunier, il y a bien moyen, je suis un homme perdu !
- Comment, monsieur l'abbé ?
- Eh oui ! C'était le roi, l'autre jour qui est venu à la noce !
- Ah !
- Et il m'a dit d'aller chez lui, un tel jour, et qu'il me demanderait quatre questions : si je n'y réponds pas, je suis un homme mort !
- Ah ! monsieur l'abbé, faut pas tant se désoler, allez ! Quel jour devez-vous aller chez le roi ?
- Un tel jour !
- Eh bien ! Si vous voulez, j'irai à votre place.
- Oh ! non, mon pauvre meunier, tu serais perdu ! Je ne veux pas.
- Ne craignez donc rien seulement ! Vous me donnerez vos habits, je m'habillerai dedans, et j'irai chez l 5a4 e roi, moi je répondrai bien à ses questions, laissez-moi faire !
- Allons ! Eh bien, vas-y, si tu veux !
Et le meunier va chez le roi à sa place. Le roi avait invité tous les princes et les princesses, les seigneurs, pour faire un repas, là, au Louvre. Le meunier arrive, habillé en abbé ; tout de suite un valet mène son mulet à l'écurie ; un autre l'intreduit devant le roi.
- Ah ! bonjour, monsieur l'abbé !
- Bonjour, Sire le Roi !
Allons ! Ils se sont fait bien des compliments. Et puis, ils se sont mis à table. Et quand le repas a été fini :
- Eh bien ! que dit le roi, tu vas me dire à présent où se trouve le milieu de la Terre !
- Je veux bien, Sire, Mais pour ça, il faut que vous me prêtiez votre épée.
Le roi lui donna son épée. Et le voilà qui parcourt la salle dans un sens et dans l'autre, et qui prend des mesures ; enfin, il va planter l'épée du roi dans un coin.
- Ah ! qu'il dit, Sire ! Je m'étonne qu'étant si près du milieu de la Terre, vous ne l'ayez pas mis au milieu de votre salle, au lieu de l'avoir laissé là dans ce coin !
- Ah ! ça n'est pas possible ! Ce n'est pas le milieu de la Terre !
- Hé ! si vous ne me croyez pas, faites-le mesurer par d'autres, vous verrez !
Allons, voilà le roi bien pris et tout le monde à s'étonner, à dire que M. l'abbé avait raison.

- C'est pas tout ça, maintenant il faut que tu me dises combien pèse la Lune !
- La Lune 5ac a quatre quartiers ; ils pèsent vingt-cinq livres la pièce ; ça fait un cent tout juste.
- Oh ! tu te moques de moi ! La lune pèse plus que ça !
- Si vous ne me croyez pas, faites-la peser par un autre !
Les voilà encore tous à s'étonner, pardié ! et à dire qu'effectivement l'abbé avait raison.
- Eh bien ! que dit le roi, tu vas me dire maintenant combien je vaux.
Cette fois, il croyait bien l'embarrasser.
Qu'il dit :
- Sire, Notre-Seigneur a été vendu pour trente-deux deniers, et il valait bien mieux que vous, n'est-ce pas ?
- Oui, oui, Notre-Seigneur valait bien mieux que moi !
- Oui, oui, qu'ils disaient tous, Notre-Seigneur valait bien mieux que notre Sire le Roi !
- Eh bien ! Je crois qu'en vous mettant à vingt-huit deniers, c'est tout ce que je puis faire !
Le roi n'était point content, mais il a bien fallu en passer par là.
- Maintenant, qu'il dit, il faut que tu me dises ce que je pense !
- Je veux bien ; mais il faut que l'on donne l'avoine à mon cheval, car je veux partir.
- Eh bien ! Qu'est-ce donc que je pense ?
- Vous pensez de parler à M. l'abbé Sans-Soins ; mais vous vous trompez, Sire, vous ne parlez qu'à son meunier. Et bien vite, le voilà qui sort dans la cour, monte sur son cheval et se sauve, au grand galop. L'abbé Sans-Soins était à la croisée, qui regardait. Quand il l'aperçut :
- Ah, mon pauvre meunier ! Tu t'en es donc sauvé ? Ah ! merci ! Tu m'as sauvé la vie ! Merci ! Va ! Fais marcher ton moulin comme tu voudras ; je ne te demanderai jamais rien, jamais un sou. Ah ! merci, merci !
Et les noces ont recommencé.

Léon Pineau, Contes populaires du Poitou, 1891
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