Chez Nous
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Chez Nous

Tu entres, ici dans un havre de paix ...
 
AccueilAccueil  PortailPortail  GalerieGalerie  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-22%
Le deal à ne pas rater :
Acer Nitro QG241YM3BMIIPX – Ecran PC Gaming 23,8″ Full HD
139.99 € 179.99 €
Voir le deal

 

 La légende de la Mandragore

Aller en bas 
AuteurMessage
Joa
Admin
Admin
Joa


Nombre de messages : 13100
Age : 76
Localisation : Martigues
Réputation : 0
Date d'inscription : 19/02/2006

La légende de la Mandragore Empty
MessageSujet: La légende de la Mandragore   La légende de la Mandragore EmptyDim 24 Juin - 10:04

Savez-vous que c'est en Charente, dans le pittoresque Confolentais, qu'est le berceau de la Mandragore ? Les bergers, qui mènent paître les moutons sur les landes de Roche et de Pouzinies, écartent leurs bêtes d'un trou creusé dans le sol, parmi des rochers au dos rond. Ils n'approchent eux-mêmes qu'avec crainte de cette caverne qui est un lieu d'effroi, puisque c'est le berceau de la Mandragore. La Mandragore, vous diront certaines gens, est une plante aux formes bizarres, une racine au dessin contourné dont la possession est un gage de malheur ; mais ici, la Mandragore est un animal fabuleux, que personne n'a vu, mais qui a existé autrefois, 5ac puisque c'est au Frochet que le chevalier Guyot de Saint-Quentin la fit périr, pour le plus grand contentement des jeunes filles, de leurs amoureux et des mères désolées. La Mandragore était un monstre, une sorte de dragon, semblable à la Tarasque dont Poitiers a gardé le souvenir, un serpent de cinquante pieds de longueur, à la face presque humaine, aux ailes sonores. Ses griffes étaient acérées comme des poignards et ses dents broyaient comme des meules. Ses yeux, au fond de la caverne, brillaient comme des braises, et sa queue, toujours agitée, se terminait par un dard pointu.
Ce monstre dévorait les jeunes filles. Chaque mois, il lui fallait une nouvelle proie, et chaque mois le pays était plongé dans la désolation. Les mères pleuraient, les filles sanglotaient, et on entendait, dans la nuit, les cris horribles des victimes. Le pays se dépeuplait, les gens quittaient ces lieux maudits et s'en allaient vers les villes. Limoges, pendant un temps, se soumit au tribut, mais un jour la révolte éclata dans la ville contre les magistrats, et on décida de ne plus accepter les conditions du monstre.

Un mois et plus, la Mandragore attendit sa victime ; un mois et plus on entendit les antres de la caverne retentir des cris affreux poussés par la bête affamée ; un mois et plus les rochers tremblèrent, pris d'une frénésie trépidante ; un mois et plus les langues de feu jaillirent du trou sombre. Enfin, un jour, glissant sur s 5ac on ventre, le monstre sortit de sa demeure souterraine et il partit en chasse.
Il parcourut les environs, mais trouva tous les hameaux déserts. Les maisons étaient fermées, les champs incultes. Dans sa fureur dévastatrice, il fit crouler la ville de Lupé, renversa les châteaux de Bards, de la Tourette. L'incendie, la ruine et la mort s'étendirent sur le pays. Depuis trois lunes, la Mandragore était en chasse et depuis trois lunes le pays de Confolens était dans la désolation. Les seigneurs de la région étaient tous partis à la croisade, à la suite du roi. Les seigneurs de Mortemart du Fraisse, les sires de Barthou, de Mézières et de Saint-Christophe bataillaient pour délivrer des infidèles le tombeau du christ. Il ne restait au pays que le petit Guyot de Saint-Quentin qui apprenait le métier des armes au manoir de Montemart. Mais il était si jeune et si frêle !
Les anciens du pays décidèrent de rétablir l'ancien tribut pour apaiser la bête malfaisante et sauver les gens des villes et des campagnes. Après bien des hésitations, des tourments, on tira au sort et le sort décida. Ce fut Alix de Joncherolles que le destin choisit : Alix, la perle du Confolentais, la plus belle, la meilleure des jeunes filles à cinquante lieues à la ronde. Les malheureux implorèrent le ciel d'épargner leur damoiselle.
Dans le manoir de Montemart, Guyot avait appris la nouvelle. Cette Alix qu'il avait croisée autrefois, d'abord au hasard de 5a4 ses courses, puis avec intention, il l'aimait de tout son coeur jeune et fier. Il ne voulut pas que cette belle jeune fille fût exposée sur les rochers du Frochet pour y être saisie par le monstre, et courut au castel de Saint-Quentin demander des armes et la bénédiction paternelle.

Le père, pendant deux jours, se fit prier. Il savait le combat meurtrier, et son fils était son unique enfant, l'héritier de son nom et de sa race. Mais au matin du troisième jour, Guyot, sur sa mule, franchit les rochers du Frochet. Il attaque le monstre qui l'attend devant son antre. Deux fois la Mandragore qui rugit, lance des flammes par les yeux, accule la monture sur les bords du précipice. La mule, d'un effort désespéré, se redresse, mais à la troisième attaque elle roule dans le ravin avec le cavalier. Celui-ci flatte sa monture, la reprend en main et la bête ardente presse son sabot sur le roc, s'y arc-boute dans un effort si violent qu'elle imprime la trace de son pied sur le granit. Elle y creuse un trou, encore aujourd'hui appelé le Pas de la Mule, et qui est toujours, quelque temps qu'il fasse, empli d'eau.
Guyot lève sa lance et à nouveau attaque la Mandragore, qu'il blesse à mort et qui s'enfuit. Elle perd son sans par mille blessures, un sang noir qui jaillit en fontaine et qui inonde le champ qui porte depuis le nom de Champ du Sang, puis, expirante, elle se jette dans l'étang de l'Eau-Période, où flotte bientôt s 5ac a dépouille.
De tous les hauts lieux, les gens du pays de Confolens ont assisté au combat. Alix de Joncherolles, au sommet de la tour du château paternel, en a suivi toutes les péripéties ; et quand Guyot a mis à mort la maudite bête, Alix tombe évanouie dans les bras de ses filles d'honneur. Guiyot de Siant-Quentin est porté en triomphe ; on l'acclame comme un sauveur, et le cortège se dirige vers le château de Joncherolles. Alix, qui a retrouvé ses esprits, vient à sa rencontre sur le chemin d'accès ; Guyot dépose sa lance à ses pieds. Alix prend le jeune homme par la main, le conduit près de son père, à qui elle demande de l'unir à son sauveur. Les noces furent magnifiques, tous les gens du pays y assistèrent. Alix de Joncherolels et Guyot de Saint-Quentin vécurent heureux et ils eurent beaucoup d'enfants.
L'héroïque mule vieillit au château, entourée d'égards, et tout le monde se souvient encore dans le pays de la mule de M. de Siant-Quentin. Quant à la Mandragore, Guyot de Saint-Quentin, dont le coeur était généreux, voulut l'enterrer dans un lieu digne de ses méfaits. Il fit creuser le tumulus romain de Doignon et on y jeta les restes de la "malbête". Les rocs du Frochet, l'étang de l'Eau-Période, le Pas de la Mule, le tumulus de Doignon vous conteront encore cette terrible histoire ; mais ne cherchez pas à en savoir plus long. Votre curiosité serait punie. En creusant la terre de Doignon, vous trouveriez l'herbe q 55c ui égare et la porte de fer que personne n'a pu, ne peut, ne pourra ouvrir, jamais !

Mathilde MIR, Vieilles Choses d'Angoumois, 1947
Revenir en haut Aller en bas
http://site.voila.fr/chezjoa
 
La légende de la Mandragore
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Chez Nous :: Les pipelettes :: Histoires insolites :: Contes et légendes-
Sauter vers: