C’est une question d’honneur : alors que les Anglais voient croître dans leur pays le cèdre du Liban, en France, pas même Louis XV n’en possède un dans le Jardin du Roi.
Bernard de Jussieu jure alors d’y remédier.
Grâce à la complicité d’un ami londonien, il en acquiert illégalement deux pieds.
Alors qu’il traverse la rue pavée qui conduit au Jardin des Plantes, un des précieux pots lui échappe des mains et tombe.
Il ôte son chapeau et y recueille les maigres pousses : ce cèdre du Liban, planté en 1734, est toujours au Jardin des Plantes.
L’autre pied connaît un destin plus agité.
Il a été confié aux Pépinières du Roi, rive droite de la Seine, entre les Champs-Elysées et Saint-Philippe-du-Roule, mais dans ce secteur, les projets de construction se succèdent : ceux du comte d’Artois qui rêve d’y créer un quartier de cottages, une « Nouvelle Londres », puis ceux d’un financier qui fait percer de nouvelles rues.
Chaque fois, l’espace vital du cèdre se restreint.
Bientôt il n’est plus la parure que d’un petit jardin d’artiste jusqu’au jour où l’alignement d’un boulevard a raison de lui…
Devenu rare dans les montagnes du Liban où il a été trop utilisé pour la construction, en Europe le cèdre du Liban, autrefois souvent planté dans les parcs et arboretums, a été détrôné par le cèdre Atlas.