Le bonhomme Barat se promène dans les champs, il a trouvé une fève nègre (noire), v'là qu'il s'amène à un village, puis à la première maison, il demande :
- Pouvez-vous me retirer (loger), moi et ma fève nègre ?
- Oh ! nous voulons bien : vous avez qu'à vous coucher là, vous et votre fève nègre : nous en avons quatre boisseaux, vous l mettrez avec !
Dans la nuit, le bonhomme Barat s'est levé, il a brassé lsquatre boisseaux avec sa fève. Le lendemain matin, le bonhomme Barat braillait :
- Et ma fève nègre ?
- Braillez donc point ! Nous vous donnerons bien ce que vous voudre !
- Eh ben, je veux les quatre boisseaux, pour être sûr d'avoirla fève nègre !
Il a pris les quatre boisseaux, puis s'en est en allé plus loin. En arrivant dans une autre mison :
- Pourriez-vous me retirer, moi et mes quqtre boisseaux ?
- Oh ! nous voulons ben ! Vous avez qu'à les mettre l) derrière nos quatre gorets, ils n'y toucheront point.
Et dans la nuit, les quatre gorets ont mangé les quatre boisseaux.
Le lendemain, le bonhomme Barat braillait.
- Eh ! qu'avez-vous donc, mon pauvre homme ?
- Et mes quatre boisseaux ?
- Braillez donc point ! Je vous donneraice que vous voudrez !
- Eh ben ! je veux les quatre gorets !
Le v'là parti avec les quatre gorets jusqu'à une autre maison ; quand il a arrivé :
- Pouvez-vous me retirer, moi et mes quatre gorets ?
- Ah ! nous voulons ben ! Mettez-les là, derrière nos quatre boeufs, ils ne se feront point de mal.
Dans la nuit, le bonhomme Barat éventre ses quatre gorets, les met dans la crêche aux boeufs.
Le lendemain matin, il braillait encore :
- Les boeufs ont mangé mes gorets !
- Braillez donc point ! Nous vous donnerons ben ce que vous voulez !
- Eh ben ! je veux les quatre boeufs !
Le lendemain matin, il prend les quatre boeufs, puis s'en va. Voilà qu'en s'en allant avec ses quatre boeufs, il trouve quatre jeunes gens qu'emportaient leur grand-mère en terre dans une petite voiture.
Il leur demande s'ils voulaient lui donner ce qu'ils avaient dans la voiture, qu'il leur donnerait les quatre boeufs empour (en échange).
Les quatre jeunes gens ont dit :
- Nous voulons ben !
Voilà qu’il est parti avec la vieille ; il a demandé une petite pour la bercer. Comme il avait installé la voiture sur le bord d’un puits pour qu’elle roule bien, la petite berce la vieille et berce la vieille, si bien que le vieille est jetée au fonds du puits.
Le bonhomme Barat s’est mis encore à brailler. Les parents de la petite ont dit :
- Nous vous donnerons ce que vous voudrez !
- Ben ! qu’il dit, je veux la jeune.
Alors, voilà qu’il la met dans un sac, puis il l’emporte ; il arrive à une maison, puis demande s’ils pouvaient le retirer, lui et son sac.
Il avait mis son sac derrière la porte, il était parti se coucher. La petite braillait dans le sac, la femme ouvre le sac, puis regarde : justement, la petite était chez sa marraine !
Alors, la marraine sortit la petite du sac, et elle a mis un petit chien à place ; et elle l’a couchée, pour pas que le bonhomme Barat la voie !
Quand le bonhomme Barat s’est levé, il a pris son sac, puis il a parti. La chienne se brassait dans le sac, il dit :
- Ma petite, veux-tu faire pissade ?
Guettez, mes ami : je suis ruiné !
D’une fève nègre, quatre boisseaux :
Quatre boisseaux, quatre gorets ;
Quatre gorets, quatre bœufs ;
Quatre bœufs, une vieille ;
Une vieille, une jeune ;
Une jeune, une chienne ;
Et la chienne est partie !
Guettez, mes amis : je suis ruiné !
(Conté dans l’Angoumois)
Geneviève Massignon, Contes, récits et légendes des pays de France
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