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 L'affreux homme du hoyoux (BELGIQUE) d'Alice

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Joa
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Joa


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L'affreux homme du hoyoux (BELGIQUE) d'Alice Empty
MessageSujet: L'affreux homme du hoyoux (BELGIQUE) d'Alice   L'affreux homme du hoyoux (BELGIQUE) d'Alice EmptyDim 12 Aoû - 10:07

Le Hoyoux était autrefois une rivière beaucoup plus profonde qu'elle ne l'est aujourd'hui. On se demande où peuvent bien passer les eaux des rivières et des fleuves, mais c'est comme ça, elles se font de plus en plus rares.
Bref, tout au long du Hoyoux, une grande peur régnait qui venait d'un personnage que nul n'avait jamais vu. On l'appelait l'affreux homme du Hoyoux, sans même savoir s'il ressemblait à un homme ou à un monstre. Le fait est qu'il se comportait comme une terrible bête sauvage, puisqu'il se nourrissait uniquement au coeur de ses victimes.
A cette nourriture, affirmait-on, il avait le don de voir la nuit, au fond de l'eau, et même à travers les murailles les plus épaisses.
Lorsqu'il voulait s'emparer, par exemple, d'une jeune lavandière, il faisait miroiter entre deux eaux, juste sous les yeux de la jeune fille, une bague en or, un peigne incrusté de diamants ou un collier de perles fines. Naturellement, la jeune fille plongeait le bras dans l'eau poour se saisir du joyau, et, à ce moment-là, une force invisible l'attirait au fond de la rivière.
Il arrivait aussi que l'affreux homme du Hoyoux eût envie d'un coeur d'enfant. Il faisait alors flotter à quelques mètres d'une rive un petit bateau très joli, avec des voiles blanches comme les aiment tous les enfants.
Pour les habitants de la vallée, ce n'était plus une vie. Les jeunes filles refusaient de laver le linge, et les enfants ne voulaient plus aller à l'école qui se trouvait justement à côté de la rivière. On en était à se demander s'il ne fallait pas construire une autre école et un lavoir loin du Hoyoux, lorsque vint à disparaître une très vieille femme. C'était une nouveauté, car l'affreux homme n'avait, de mémoire d'aÏeul, enlevé que des enfants et des jeunes filles. Or le forgeron et deux paysans, qui n'étaient pas de grans buveurs, affirmaient qu'ils avaient bien vu la pauvre femme basculer tête première par-dessus son banc à laver, et disparaïtre sous l'eau, entraÏnée par une force invisible.
Sans aucun doute, l'affreux homme du Hoyoux avait encore fait des siennes. On pleura beaucoup la pauvre femme dans sa famille, et tout le village la regretta car elle connaissait les plantes qui guérissent.
Plus de douze mois passèrent au cours desquels quatorze enfants et huit jeunes filles disparurent encore. Et puis, un matin, alors qu'un épais brouillard dormait sur les eaux silencieuses, on vit réapparaître la guérisseuse. Elle semblait se porter assez bien, et, lorsqu'elle se fut installée au coin du feu et qu'elle eut avalé une infusion bien chaude, elle se mit à raconter:
"Figurez-vous, dit-elle, que l'affreux homme du Hoyoux m'a entraïnée dans sa demeure qui est une espèce de caverne tout au fond d'un gour très profond. Je croyais qu'il allait me dévorer le coeur, mais pas du tout. Arrivés chez lui, voilà qu'il se met à me parler tout gentiment, à me demander ce que je veux boire, ce que je veux manger, si j'ai envie de me reposer...Enfin, quoi, des manières de Monsieur bien élevé. Moi, vous parlez que toute cette eau m'avait enlevé la soif et que l'émotion me coupait l'appétit. Je lui dis que je n'avais besoin de rien, et que je voulais seulement rentrer chez moi." Il me répondit: " Tu rentreras, mais quand tu auras guéri ma pauvre femme qui est clouée au lit par le rhumatisme." Le rhumatisme, vous pensez, à vivre comme ça au fond de l'eau, ça n'a rien de surprenant. J'essaie de lui expliquer que ce n'est pas un endroit pour une vieille femme. Rien à faire! Il ne veut pas qu'elle sorte de chez lui. C'est bon! Voyant qu'il est plus têtu qu'une bûche, je lui fais la liste des herbes qu'il me faut, et le voilà parti. Il fait sa cueillette, et il revient avec tout ce que j'ai demandé. Et comme ça, pendant tout un an, j'ai soigné sa femme. Aujourd'hui, elle se porte comme un charme."
Tout le village écoutait ce récit. Incrédules, quelques jeunes gens souriaient en se poussant du coude, mais les gens qui avaient l'âge de raison hochaient la tête d'un air entendu.
Lorsque la femme se tut, il y eut un long silence, puis quelqu'un demanda:
"Et qu'est-ce que tu as mangé, durant tout ce temps?"
La guérisseuse baissa les yeux, se frotta le menton avant de répondre, d'une voix qui tremblait un peu.
"Moi, vous savez, je ne suis pas difficile sur la nourriture. C'était l'homme du Hoyux qui faisait la cuisine...Il a ses recettes à lui. Et je ne lui ai jamais posé de questions. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il accommode la viande et le poisson, avec des herbes que je ne connais pas parce qu'elles poussent au fond de la rivière. Mais ce n'est pas mauvais du tout."
Chacun rentra chez soi, et la vie du village reprit. La guérisseuse recommença de soigner les gens, les enfants continuèrent de disparaître et de plus en plus les jeunes filles refusèrent de laver le linge.
Cependant, quelque chose intriguait le mari et les enfants de la guérisseuse. Lorsqu'ils se trouvaient à table, par exemple, et que l'on frappait à la porte, la guérisseuse disait:
"C'est un tel."
Et jamais elle ne se trompait. Parfois, elle fixait le mur et disait:
"Tiens, voilà le père Machin ou la mère Chose qui s'en revient du marché."
Si l'on se penchait à la fenêtre, on pouvait constater qu'elle avait très bien vu à travers le mur.
Toute la famille comprit avec stupeur ce qui s'était passé: invitée durant une année à la table de l'homme du Hoyaux, la pauvre femme avait dû manger du coeur d'enfant. Cela n'avait rien de réjouissant, mais il fallut s'en accoommooder en s'efforçant de faire en sorte que le reste du village ne découvrit pas ce terrible secret.
Seulement ce que tout le monde ignorait, c'est que, si elle voyait à travers les murs, la guérisseuse avait également acquis le don de voir ce qui était invisible.
Or, un jour qu'elle s'en allait laver du linge, elle rencontra, dans la rue basse, l'affreux homme du Hoyoux. Il se promenait tranquillement, persuadé qu'il était de demeurer totalement invisible.
"Tiens, lança-t-elle, qu'est-ce que vous faites par ici? Et votre femme, comment va son rhumatisme?"
Des gens qui passaient se demandèrent si la guérisseuse avait perdu la tête, pour se mettre ainsi à parler dans le vide. Et ils furent encore beaucoup plus étonnés de la voir lâcher son panier de linge et s'en aller vers la rivière en se débattant, un bras en avant, exactement comme si quelqu'un de très fort l'eût entraînée malgré elle.
"Lâchez-moi! criait-elle. J'ai guéri votre femme. Je ne veux pas retourner à la rivière! Lâchez-mloi! Au secours! Au secours!"
Et l'afrreux homme, dont elle était la seule à entendre la voix, continuait de l'entraîner en disant:
"Tu as le don de me voir...Un jour ou l'autre tu me feras prendre. Tu vas disparaître. Cette fois, tu ne sortiras plus de l'eau."
La malheureuse n'était plus qu'à quelques pas de la rive, lorsque le forgeron l'aperçut. Il comprit ce qui se passait. Saisissant une hache, il bondit et se mit à cogner de toutes ses forces. Il frappait devant la guérisseuse et, contrairement à ce que pouvaient croire les témoins étonnés, il ne tapait pas dans le vide. Il le sentait bien. Et, lorsque la femme libérée tomba dans l'herbe, le forgeron vit autour de son poignet des traces laissées par la main énorme de l'affreux homme du Hoyoux.
La guérisseuse fut ramenée chez elle encore abasourdie, mais une infusion d'herbes suffit à lui redonner toute sa vigueur.
Depuis ce jour-là, les jeunes filles n'ont plus aucune raison de na pas faire la lessive, et même les mauvais élèves sont obligés d'aller à l'école.
Quand à la guérisseuse, on dit qu'elle a cessé de voir à travers les murs.

Bernard Clavel Légendes des lacs et rivières
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