Ce n'est que depuis quelques dizaines d'années que le patrimoine historique est vraiment protégé et sauvegardé. Ce qui s'est passé à Aix-en-Porvence au siècle dernier en est le triste témoignage.
En 1940, les services de la défense passive réquisitionnent un terrain du centre de la ville, pour y creuser des abris antiaériens. Or, dès les premiers coups de pelle, on se rend compte qu'il s'agit d'un site gallo-romain d'une exceptionnelle richesse.
L'invasion allemande, la débâcle et l'armistice interviennent sur ces entrefaites. L'endroit est laissé à l'abandon. Il sert de terrain de jeux aux enfants. qui prennent les pièces à l'effigie de César comme projectiles et concassent les statues. Un peu plus tard, à la Libération, des inconnus manifestent leur allégresse en faisant sauter à la grenade d'autres chefs-d'oeuvre artistiques.
Mais le pire survient en 1956. Alors qu'il existe bien d'autres terrains libres à Aix, c'est là que l'Etat décide la construction d'un nouveau complexe scolaire. Le directeur régionale des fouilles archéologiques obtient quand même d'avoir une équipe sur les lieux pendant les travaux et on assiste au spectacle étonnant d'hommes arrachant de justesse aux pelleteuses et au bulldozers des têtes de dieux ou de déesses.
Les Monuments historiques se voient seulement accorder un dixième du site, sur lequel ils pourront faire leurs fouilles.
Malheureusement, la fatalité a voulu que ce soit le secteur le moins riche. Il ne contient qu'un grand dallage à carreaux noirs et blancs. C'est tout ce qui reste aujourd'hui de cet invraisemblable gâchis.