Projet architectural le plus ambitieux de toute la chrétienté, la construction de la cathédrale Saint-Pierre, à Beauvais, a nécessité plus de trois siècles d'efforts, interrompus par une série de catastrophes spectaculaires.
Edifié sur les ruines d'une ancienne église, ravagée par un incende, le choeur de la cathédrale le plus élevé du monde est achevé après cinquante ans de travaux. Mais, rendu fragile par la sveltesse de ses arcs brisés, il s'écroule en 1284. Un demi-siècle est à nouveau nécessaire pour le reconstruire, en doublant, cette fois, l'épaisseur des piliers. Par mesure de précaution, plutôt que de bâtir une nef, on préfère élever une flèche, haute de 150 mètres.
La guerre de Cent Ans endommage l'édifice mais le pire reste à venir. Le 30 avril 1573, alors que les fidèles sont rassemblés pour le jour de l'Ascension, la flèche et les trois étages du clocher s'effondrent à leur tour.
Deux siècles plus tard les sans-culottes de la Révolution décapitent les statues, et 75 % des vitraux d'origine volent en éclats durant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Fait inexplicable : aucune de ces calamités n'a causé la moindre victime.