En 1917, alors que les batailles pour la reconquête du Chemin des Dames tournent au massacre, le maréchal Foch à l’idée, pour suppléer les soldats tués, de puiser dans l’immense réservoir de main-d’œuvre chinoise. Il expédie à Nankin l’écrivain Victor Segalen, l’auteur de Stèles, en qualité de médecin chargé de superviser le recrutement Pour un franc de salaire mensuel, cent vingt mille « volontaires » s’engagent à s’échiner dix heures par jour pendant cinq ans D’abord affectés au déchargement des trains et des bateaux, les Fils du Ciel sont envoyés au front pour évacuer les cadavres Vingt-sept mille d’entre eux périssent sous la mitraille. Avec ses lions en pierre blanche, son portique majestueux, et ses 838 stèles ornées d’idéogrammes, le cimetière de Nolette, à Noyelles-sur-Mer, dans la baie de la Somme, porte témoignage de ce sacrifice.
A la fin de la Grande Guerre, la plupart des rescapés sont priés de rentrer au pays.
Quelques-uns, qui attendent leur train à la gare de Lyon pour aller embarquer à Marseille, décident de rester. En 1920, ils sont une centaine à s’être regroupés dans les hôtels sordides du passage Brunoy, en contrebas des voies ferrées. La plupart sont hommes de peine, domestiques, ou ouvriers maroquiniers ; les plus téméraires ouvrent des restaurants.
Aujourd’hui, la communauté chinoise de France compte 450 000 membres et s’illustre dans toutes les activités.