Barbentane, charmante localité des Bouches-du-Rhône, à 8 kilomètres au sud d'Avignon, a été jusqu'au siècle précédent l'objet d'une coutume pour le moins curieuse et pas très morale.
Deux croix se dressaient sur la colline dominant la localité. La première, la croix de Saint-Julien, portant les armoiries du cardinal des lieux, était honorée par les jeunes filles le premier jour de chaque mois, à midi. Celles qui désiraient un mari allaient y prier vêtues d'ornements blancs. C'était également un lieu de rendez-vous pour les jeunes gens de la région, qui découvraient celles dont le coeur était à prendre et pouvaient faire leur choix.
Mais la deuxième croix, qui se dressait un peu plus loin sur la même colline, qui n'avait pas de nom et qui ne s'ornait d'aucune décoration particulière, était l'objet d'un culte bien plus étonnant.
Celui-ci avait lieu à minuit, le dernier jour de chaque mois. les femmes mariées qui désiraient la mort de leur époux s'y rendaient vêtues d'ornements noirs et allaient se prosterner à ses pieds dans l'espoir d'être exaucées. Elles aussi étaient épiées par d'autres hommes, à la recherche d'une bonne fortune avec ces mal mariées.
Si la coutume a disparu depuis longtemps, cette dernière croix, qu'on a surnommée la "croix des veuives", existe toujours et domine le bourg, près de la tour Angelica.