Les monts du Cantal, qui connurent une formidable activité volcanique à l’époque tertiaire, ont toujours impressionné les hommes par leur aspect majestueux, comme en témoigne leur nom, issu du mot gaulois cant, qui signifie « brillant ». Cette région accidentée et mystérieuse, au coeur de la France, a, en outre, donné lieu à toutes sortes de légendes, dont l’une des plus pittoresques, est celle du Harpon du Diable. Comme saint Pierre, surchargé de travail au paradis, avait mauvaise mine, Dieu le Père l’envoya prendre les eaux à Vic-en-Carladez, au coeur de la région des puys. En chemin, Pierre rencontra une belle jeune fille, qui se rendait dans la station thermale pour la même raison et ils décidèrent de faire route ensemble. Le soir, comme ils arrivaient à l’arête de la Bécoune, la jeune fille, se disant fatiguée, invita le saint à se reposer avec elle sur l’herbe. Saint Pierre se disposait à accepter, lorsqu’il vit une lueur étrange dans les yeux de sa compagne. Il comprit que c’était le diable qui avait pris cette apparence pour le tenter et se mit en prières.
Le diable, alors, reprit sa forme véritable. Pierre se jeta sur lui et l’empoigna pour le jeter au fond du ravin. Son adversaire tenta de résister, mais ne réussit qu’à laisser l’empreinte des cinq griffes de sa main droite dans la roche, avant de disparaître en fumée. Telle est l’origine des cinq grandes crevasses qu’on peut voir au flanc du puy Brunet et qu’on appelle le Harpon du Diable.