La vie d'Agnès Sorel est un roman.
Cette jeune fille désargentée de petite noblesse, favorite de Charles VII, qui avait imposé les premiers décolletés épaules nues et une liberté de moeurs jugée scandaleuse, a-t-elle été victime d'un drame domestique, d'un meurtre passionnel ou d'un assassinat politique ?
Ce mystère, qui entoure depuis cinq siècles sa mort brutale à Loches, a été en partie dissipé depuis que le docteur Philippe Charlie a analysé les restes de la dame de coeur du roi de France. Sur un poil de son aisselle, retrouvé en 1805 dans un vase funéraire, ce médecin anatomo-pathologiste n'a décelé aucune trace d'arsenic mais en revanche une quantité astronomique de mercure.
"Agnès Sorel a été victime d'une intoxication aigüe qui l'a foudroyée en moins de 72 heures", a affirmé le scintifique.
Au XVe siècle, le mercure était un poison prisé, mais pas seulement.
"La maîtresse du roi souffrait d'une infection parasitaire intestinale douloureuse. Pour venir à bout de ces désagréables vers blancs, il était fréquent d'utiliser des sels de mercure, et la posologie était connue depuis l'Antiquité", a ajouté le médecin.
Par ailleurs, le mercure était aussi utilisé pour soulager les parturientes en cas d'accouchement difficile. Or Agnès venait de mettre au monde un enfant prématuré.
Seul problème : elle ingéra dix mille fois la dose traditionnellement prescrite !
Empoisonnement volontaire ou non ? Un doute persiste. Mais ilest certain qu'Agnès Sorel dérangeait son époque. Le dauphin, le futur Louis XI, ne l'avait-il pas poursuivie, l'épée à la main, dans la maison royale pour lui régler son compte ?