Aldous Huxley, l'auteur du best-seller satirique Le Meilleur des mondes, n'a rien inventé ! Pas plus que Francis Galton, le cousin de Darwin, qui fonda, vers 1870, l'"eugénique scientifique", dont l'objet, selon lui, était double : entraver la multiplication des inaptes et... améliorer la race ! Les médecins fous du nazisme ont repris à leur compte cette théorie raciale aberrante avec les conséquences que l'on sait. Mais, savez-vous qu'en 1573 déjà, un certain Jean Huarte, médecin espagnol rédidant à Saint-Jean-Pied-de-Port, publia, à l'âge de 45 ans, un véritable manifeste de l'eugénisme, en proposant des "recettes" pour fabriquer des enfants capables de répondre aux besoins précis de leurs parents et de la société ! Quand l'Inquisition, qui avait laissé imprimer son Examen de l'esprit des sciences, vit s'épuiser cinq éditions en six ans, elle se ravisa et l'interdit. Trop tard ! La théorie pernicieuse du médecin s'était répandue à travers l'Europe comme une traînée de poudre. Dans son livre, Huarte soutient que le corps joue un rôle déterminant dans les sentiments et dans la pensée de chaque individu. Il affirme que les humeurs de base : "chaleur", "humidité", "sécheresse", et les caractéristiques morphologiques déterminent la personnalité et la profession de chacun. Ainsi, les juristes, qui ont besoin de mémoire, seront recrutés parmi les tempéraments humides, les caractères secs feront de bons scientifiques, tandis que les chauds, doués d'imagination, donneront les meilleurs médecins. Et, Huarte se hasarde à dresser le portrait-robot du bon roi ! A en juger par la physionomie et les personnalités si dissemblables des cinq présidents de la Ve République, la méthode demande, semble-t-il, à être perfectionnée !