La comtesse Mahaut d'Artois, célèbre par ses démêlés avec son neveu Robert, avait la réputation justifiée d'être à la fois prude et cruelle. Elle en donna l'llustration alors qu'elle séjournait dans son château de Gosnay, en 1322.
S'apercevant qu'une de ses caméristes, la jeune et jolie Alix, était enceinte, elle lui demanda "moult ireusement" dit la chronique, en présence de tous ses gens, quel était le nom du père, ajoutant :
"Si tu le nommes, il sera condamné à mort. Si tu te tais, c'est toi qui mourras."
Courageusement, Alix refusa de trahir son amant. Furieuse, la comtesse d'Artois la fit mettre à mort le soir même. A la clarté des torches, la jeune fille fut conduite dans la prairie en face du château où une fosse avait été creusée et y fût enterrée vivante. Malgré l'horreur du supplice, Alix continua à garder le silence jusqu'au bout. Son galant, lui, n'avait pas eu le même courage: il, s'était enfui dès son arrestation.
Mais à partir de ce moment, les lieux furent, dit-on, le théâtre de manifestations surnaturelles toutes plus terribles les unes que les autres, à tel point que les habitants de environs surnommèrent l'endroit : "Val des Esprits". Prise de remords et effrayée, Mahaut d'Artois, sur la fin de sa vie, y fit construire une chartreuse qui prit le nom de "Val Saint-Esprit" pour conjurer la malédiction.
Telle est la sinistre origine de cet élégant bâtiment religieux qu'on peut voir de nos jours à Gosnay.