Chaque année au début du printemps avait lieu à Gignac la procession de l'âne, suivie d'un combat entre les garçons du pays. L'animal, en réalité une carcasse de bois recouverte d'étoffes et de guirlandes, était promené dans les rues par des jeunes gens galamment vêtus, qui offraient des fleurs aux jeunes filles en leur faisant des compliments hardis. La procession fut supprimée par le roi Louis XIV en raison des "débauches, scandales et désordres" qu'elle occasionnait, mais la deuxième partie subsista jusqu'au XIXe siècle. Il s'agissait d'un combat de gladiateurs entre les mêmes jeunes gens, le "Sinebelet Belus", c'est-à-dire le "Sire de la guerre". Voici comment le décrit, en 1707, le chevalier de Laurès, sure de Gignac : "Les combattants s'assemblent sur la grande place. Les uns et les autres paraissent en habit de pantalon bigarré du signe du soleil et de la lune, extrêmement large, dont ils ont rempli le vide avec de la paille ou toute autre matière propre à garantir des contusions, un casque de fer en tête, des bottines aux jambes. La plupart ont un sabre de bois d'alisier en main, mince vers le milieu et gros à l'extrémité, en vue de le rendre plus pliant et de frapper avec plus de force, mais certains sont armés de grosses racines." Le "Sire de la guerre" était censé représenter une bataille qui avait eu lieu jadis contre les Sarrasins, mais son origine était sans doute plus ancienne. C'était vraisemblablement un rite païen symbolisant la victoire du printemps sur la mauvaise saison.