Lannemezan, aujourd'hui agréable ville de Bigorre très appréciée des touristes, n'a pas toujours eu cet aspect aimable. Son nom vient du gascon lanne mezan, c'est-à-dire "la lande du milieu". Jusqu'au XIXe siècle, le village était entouré, en effet, d'une immense étendue de broussailles et de marécages.
Il ne poussait absolument rien dans ces leiux désolés. Un curé de Lannemezan écrit ainsi, au XVIIIe siècle : "Cette lande ne présente à l'oeil qu'un ciel d'airain et un sol qui n'a jamais été déchiré par le sol ni par le coutre. Jamais peut-être, il n'y germa d'autres bourgeons que celui des stériles fougères, l'unique moisson, comme le seul ornement de cette solitude." Cette solitude était pourtant peuplée. L'imagination populaire y situait toutes sortes d'apparitions maléfiques : démons, revenants, sorcières allant faire leur sabbat. Mais surtout, c'était le refuge d'êtres bien réels et tout aussi dangereux. la lande abritait des bandits qui terrorisaient la région. Les seigneurs leur donnaient la chasse et, pour servir d'exemple, les pendaient sur des gibets dressés devant leurs châteaux.
Mais rien n'y faisait et, en 1708, il fallut demander le renfort de deux régiments de cavalerie pour venir à bout de la bande de Loubayssin, dit Lacoste, qui, avec ces deux cents hommes, multipliait les atrocités de Lannemazan à Saint-Girons. Le malfaiteur finit par être pris avec quarante de ses complices. Il termina roué sur la place de Lannemazan, tandis que les autres étaient pendus ou envoyés aux galères.