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 Le Journalier

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Joa
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Joa


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Le Journalier Empty
MessageSujet: Le Journalier   Le Journalier EmptyVen 9 Juin - 22:53

Ce conte facétieux est un témoignage de la vie difficile des journaliers, travailleurs de la terre jadis payés à la journée.
Il y avait une fois un roi qui se promenait le long d'un champ. Un pauvre journalier était en train de bêcher dans ce champ.
- Adieu, l'homme, dit le roi.
L'autre releva la tête :
- Bonjour, monsieur, dit-il, sans reconnaître le roi.
- Et que fais-tu là ?
- Eh ! comme vous le voyez, je pioche la terre, répondit l'autre. Le métier de piocheur est dur, et il faut attraper de bonnes suées pour gagner sa vie ...
- Mais, dit le roi, combien gagnes-tu par jour à piocher la terre ?
- Mon Dieu, monsieur, dit l'autre, je suis journalier et je travaille la terre des autres. Ce que je gagne varie selon les jours : une fois vingt sous, une autrefois quinze. Mais, certains jours, je ne puis travailler, car l'on ne me donne pas d'ouvrage, et je ne gagne rien.
- Et, de cette façon, tu parviens à vivre ?
- Oh ! quant à vivre, je vis, dit l'autre. Et même, je fais mieux. Il me faut vivre, faire vivre, payer mes dettes, placer de l'argent à intérêt, et encore j'en ai à jeter.
- Oh ! Oh ! Te moques-tu de moi ? s'écria le roi.
- Sûrement pas, monsieur. Dieu me garde d'une telle pensée !
- Eh bien, mon ami, dit le roi, je voudrais savoir comment tu t'arranges pour vivre, faire vivre, payer tes dettes et placer de l'argent avec quinze sous par jour ...
- Oh ! monsieur, ce sera bientôt fait, dit le journalier. L'un dans l'autre, chaque jour apporte son pain. Et je vis.
- Bien ! dit le roi. Mais tu fais vivre également ?
- Certes ! Ma femme est malade ; elle ne peut pas travailler. Je la fais vivre, elle aussi.
- Et les dettes, si tu en contractes, comment trouves-tu le moyen de les payer ?
- Les dettes ? Mon père et ma mère sont vieux, et ne peuvent plus travailler. Eux aussi, je les fais vivre. Mais quand j'étais jeune et que je n'avais pas la force de travailler, c'est eux qui me faisaient vivre. Ainsi je paie mes dettes.
- C'est fort bien, dit le roi. Mais dis-moi ce que tu entends par placer de l'argent à intérêt.
- Bon ! J'ai un fils qui est encore au berceau. Il ne travaille pas encore, et cependant je le fais vivre. Mais lorsque je serai vieux, que je ne pourrai plus travailler, c'est lui qui me fera vivre, ainsi que je fais pour mes père et mère. Cela, c'est placer de l'argent à intérêt.
- Et l'argent qui reste pour le jeter, qu'est-ce donc ?
- Monsieur, dit le travailleur de terre, j'ai aussi une fille. Elle est encore jeune et petite, elle ne travaille pas. Mais, quand elle sera grande et de force à travailler, elle fera comme les autres : elle trouvera un parti et elle s'en ira. Et moi, je n'en aurai rien. Ce sera pour moi de l'argent jeté.

Félix ARNAUDIN, Contes populaires de la Grande-Lande, 1966-1967
Conté le 31 mars 1878 par Jean SAUBESTY, dit JANTI, métayer âgé de 32 ans, né à Ychoux et demeurant à Labouheyre.
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