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 Le loup gobeur et le renard rusé

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Joa
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Joa


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Le loup gobeur et le renard rusé Empty
MessageSujet: Le loup gobeur et le renard rusé   Le loup gobeur et le renard rusé EmptyMer 19 Juil - 8:15

Dans le répertoire des contes d'animaux, la série mettant en scène le loup et le renard comporte de nombreuses histoires, chacune d'elles comprenant plusieurs variantes. Le loup, fort mais stupide, ne résiste jamais bien longtemps face aux ruses du renard.

Il y avait une fois un loup qui, un soir, sortant des bois, vint se promener autour du village à la recherche de quelque bon coup à faire. Il rencontra un renard qui mangeait le reste d'une poule.
- Partage avec moi, lui dit le loup, ou je vais te dévorer, car j'ai grand-faim.
- Je ne le peux, répondit le renard, puisque je n'ai plus que ce bout d'aile qui ne paraîtrait guère sous ta grosse dent. Mais, si tu veux, je vais t'indiquer un bon moyen pour en avoir autant que tu voudras.
- Je veux bien, dit le loup, dis-moi ce qu'il faut faire.
- Eh bien ! c'est demain jour de marché à Chartres ; il passera sur la route beaucoup de marchands de volailles. Tu te coucheras, tout ton long, en travers de la route, et tu feras le mort. Les marchands diront : Voilà un beau loup, jetons-le dans notre voiture, nous vendrons sa peau. Ils te mettront dans le fond de leur charretée de volailles et, quand ils ne feront plus attention à toi, tu en jetteras beaucoup par terre, puis tu sauteras et nous nous régalerons. C'est comme ça que je fais toutes les semaines.

- Ton idée est bonne, camarade, dès demain matin je la mettrai à exécution.
Le loup partit en remerciant le renard ; la nuit lui parut longue, car il pensait au régal qu'il ferait le lendemain matin. Dès la pointe du jour, le loup était dans le fossé de le route de Chartres ; il entendit au loin le roulement d'une voiture ; il regarda et reconnut une voiture de poulailler ; aussitôt il se coucha en travers de la route et fit le mort. Quand les marchands furent arrivés auprès de lui, ils l'aperçurent. L'un dit :
- Voilà un vilain loup, passons notre voiture dessus, s'il n'est pas mort, ça l'achèvera.
Sitôt dit, sitôt fait, et cela avant que le pauvre loup, qui ne voyait pas le cheval s'arrêter, ait eu le temps de se sauver. Il se releva tout meurtri, pouvant à peine se traîner, mais courant quand même vers le bois, sa demeure.
- Ah ! se disait-il, c'est un vilain tour que le renard m'a joué, il me le paiera.
Et il se mit à sa recherche avec la ferme intention de lui casser les reins. Il le retrouva bientôt qui mangeait du poisson.
- Tu es un faux frère, renard ; car tu savais bien ce qui m'arriverait : ils m'ont passé la voiture sur le corps.
- C'est que tu n'as pas su t'y prendre, dit le renard en avalant le dernier morceau.
- Ah ! je n'ai pas su m'y prendre, traître ; eh bien ! si tu ne me donnes pas ton poisson, tu vas voir comment je m'y prends pour manger un renanrd.
- Mon cher ami, dit le rusé renard, ce serait avec grand plaisir que je partagerais avec toi, mais c'est fini. Voyons, nous avons toujours été bons amis, ce n'est pas ma faute si ces imbéciles de marchands ne t'ont pas mis sur leur voiture. Ah ! j'y pense, ils se sont souvenus de mon dernier vol et se sont dit : si nous avons été roulés par un renard, nous ne le serons pas par un loup.
- C'est possible, dit le loup.
- Mais si tu veux, le poisson vaut la volaille, je vais t'indiquer le moyen de prendre du poisson tant que tu voudras et tu n'auras pas à craindre les roues de la voiture.
- Que faut-il faire ? dit le loup ; mais gare à toi si tu te moques encore de moi, je ne me moquerai pas de ta carcasse.
- Sois tranquille, compère ; viens me prendre ce soir ici et nous irons ensemble à la pêche.
- Oh ! dit le loup, je souffre trop pour courir jusqu'à mon logis, j'aime mieux rester avec toi en attendant la nuit.

- A ta guise, camarade ; nous allons nous reposer, car cette nuit nous ne dormirons guère.
Et ils se couchèrent côte à côte. Le renard, bien repu, dormit d'un sommeil paisible ; mais le loup, souffrant de ses meurtrissures et de la faim, ne put fermer l'oeil.
La nuit arriva ; les deux compères se dirigèrent vers un étang situé à peu de distance.
- Voici, dit le renard ; toi qui as de bonnes griffes, tu vas faire un trou dans la glace ; le trou fait, tu y mettras ta queue ; tu resteras tranquille jusqu'au petit jour. Alors seulement tu tireras, plus ce sera lourd, plus il y aura de poisson.
Dès que le renard vit le loup installé, assis au bord du trou, il lui dit :
- Ami, il est inutile que je reste oisif ; je crois qu'il y a moyen de prendre une poule cette nuit, à la ferme voisine ; avec ton poisson, nous aurons un déjeuner de fête.
- Va, dit le loup confiant.
Le renard prit, en effet, une poule qu'il mangea en riant de la naïveté du loup. Le petit jour arrivant, le loup se mit en devoir de retirer son poisson de l'eau ; il tira d'abord doucement ; sentant de la résistance, il se dit : j'ai fait bonne pêche. Il tira plus fort, rien ne venait ; sa queue était gelée et enfermée dans la glace. Il tira tant et si bien qu'il l'écourta au ras du derrière. Tout triste, souffrant beaucoup, le loup, très en colère, se mit à la recherche du renard, avec la bonne intention cette fois de lui faire son affaire. Dès qu'il le vit, il s'écria :
- Ah ! gredin, tu peux me léguer ton garde-manger, car je t'étrangle sur l'heure.
- Où est ton poisson ? dit le renard d'un air naïf.
- Tu veux dire ma queue, vaurien ; car tu savais bien qu'un gros poisson me la mangerait. Et le loup montra son trognon de queue au renard qui s'écria :
- Mais non, mon ami, je vois ce que c'est ; tu as été trop gourmand, tu as attendu trop longtemps, et ta queue est restée dans la glace. Mais viens, je connais un moyen de te la remettre. Tu vois que ce n'est pas de ma faute, mais la tienne.
La queue fut retirée ; puis le renard conduisit le malheureux loup chez un de ses amis qui était maréchal afin de lui faire souder sa queue. Ils étaient dans la forge une dizaine de maréchaux. Le patron, aidé de ses compagnons, mit le derrière du loup au feu pendant qu'un apprenti soufflait de toutes ses forces. Le loup hurlait, mais il préférait souffrir et avoir sa queue. Ensuite, on le mit sur l'enclume et tout le monde de frapper dessus à tour de bras. Le rusé renard, qui était resté à la porte, criait de temps en temps :
- Soudez la queue, maréchal !

Enfin la queue soudée, le loup fut lâché ; il sortit pensant trouver le renard à la porte et le croquer sur le coup ; mais il l'aperçut, au loin, courant vers le bois. Le loup courut après lui ; il allait l'atteindre lorsque le renard, avisant un chêne, y monta aussitôt. Il était temps, le loup arrivait au pied de l'arbre. Il regarda en l'air et vit le renard se moquer de lui. il ne savait comment faire pour l'attraper ; soudain il lui vint une idée. Il plaça sa patte dans la gueule et hurla de totues ses forces. Aussitôt, de tous les côtés des loups sortirent des bois voisins, qui vinrent au secours de leur ami. Celui-ci les met au courant de la traîtrise du renard. Ils délibèrent et conviennent de se mettre les uns sur les autres jusqu'à ce qu'ils atteignent le renard.
- Qui va se poser en-dessous ? dit l'un d'eux.
- Moi, dit le loup à la queue soudée.
Qui fut dit, fut fait, et les voilà qui grimpent les uns sur les autres. Le renard commençait à trembler. Il grimpa jusqu'au haut de l'arbre ; mais les loups s'empilaient toujours l'un sur l'autre. Il n'en fallait plus qu'un pour l'atteindre, et il était déjà à moitié route. Le renard était dans des transes mortelles ; mais ce n'était pas son habitude de rester longtemps embarrassé ; il avait plus d'un tour dans son sac. Il se met tout à coup à crier :
- Soudez la queue, maréchal, soudez la queue !
Le malheureux loup, placé en-dessous, crut que son supplice allait recommencer ; il fit un mouvement pour se sauver et toute la colonne de loups de dégringoler les uns sur les autres. Ceux du bas reçurent le choc de ceux du haut et ceux du haut se firent plus ou moins de mal en tombant. Alors ils entrent tous dans une grande colère contre celui qui les avait fait venir pour une telle dégringolade ; ils se jettent sur lui, le dévorent en un instant et chacun retourne à sa demeure. Le renard riait de bon coeur pendant tout ce temps et pensait que le proverbe n'est pas vrai qui dit que les loups ne se mangent pas entre eux.

Félix CHAPISSEAU, le Folklore de la Beauce et du Perche, 1896
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