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 Les trois souhaits

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Joa
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Joa


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Les trois souhaits Empty
MessageSujet: Les trois souhaits   Les trois souhaits EmptyDim 3 Déc - 15:38

Ce conte est une variante des Souhaits ridicules mis en vers par Charles Perrault en 1693 et repris en prose par Mme Leprince de Beaumont. Imagerie populaire et livres de colportage participeront à la popularité de cette histoire.

Il y avait une fois un paysan si pauvre qu'il eût été difficile d'en trouver un plus pauvre sous toute la calotte des cieux. Il habitait une misérable cabane dans les bois et était toujours à la veille de mourir de faim, lui et toute sa famille. Un jour qu'il errait plus triste que d'habitude, il rencontra sur son chemin un vieillard à barbe blanche, à cheveux blancs, presque tout aussi cassé, presque tout aussi minable que lui. Il l'arrêta :
- Eh ! l'ami, tu as dû passer comme moi à côté de la fortune ! Je ne peux pas t'offrir même un morceau de pain, puisque je n'en ai pas, mais ce soir, si tu ne sais où coucher, viens frapper à ma porte ; il ne sera jamais dit que j'aurai laissé à la belle étoile plus mendiant que moi.
- Soit ! j'accepte ; mais où vas-tu ? Où te trouver quand la nuit sera venue ?
- Je vais ramasser quelques branches sèches pour que ma femme et mes enfants ne meurent pas de froid, et je rentre après dans ma cabane qui est là-bas en plein bois.
- Eh bien ! reviens tout de suite chez toi et souhaite trois choses : ce que tu auras souhaité te sera accordé.
Puis le vieillard à barbe blanche, à cheveux blancs continua sa route, laissant le paysan assez embarrassé :
- Se serait-il moqué de moi ? pensait-il. Après tout, rentrons. Je ne risque pas grand-chose. Je n'aurai tout au plus que la peine de ressortir pour revenir aux branches. Il rebroussa donc chemin. Sa femme l'attendait sur le pas de la porte. Le voyant revenir les mains vides :
- Ah ! te voilà, traînard ? Et les fagots ! Tu veux donc que nous mourrions de froid cette nuit ?
- Paix ! paix ! ma femme : j'ai rencontré en route un vieillard tout cassé, tout miné, à barbe blanche, à cheveux blancs, qui m'a dit : "Souhaite trois choses, et ce que tu auras souhaité te sera accordé."

- Tu es fou, mon pauvre homme : la misère t'a fait perdre la tête ; mais enfin, voyons, que vas-tu demander ?
- D'abord le paradis pour moi, pour toi et pour les enfants.
- Imbécile ! le paradis maintenant ! Nous aurons bien de temps d'y songer ! Le joli souhait, vraiment, quand on meurt de faim. Le paysan haussa les épaules et reprit :
- Je veux maintenant, une belle table garnie de pain, de vin, de viande, pour que nous puissions manger et encore manger tout notre content.
A peine avait-il parlé qu'une table se dressa tout d'un bloc. Elle était chargée de bouteilles pleines d'excellents vins, de pains tout chauds, de plats en si grand nombre qu'ils étaient serrés les uns contre les autres. Les pauvres diables, qui jeûnaient depuis vingt-quatre heures, burent et mangèrent comme jamais ils n'avaient bu et mangé de leur vie, puis, le repas terminé, le paysan, frappant d'aise sur son ventre bien rebondi, s'écria :
- Et, maintenant, au troisième souhait ! Je désire que la chambre d'à côté se remplisse de pièces d'or, du plancher au plafond.
Il voulut tout aussitôt ouvrir la porte pour voir si ses voeux avaient été exaucés ; mais il eut beau la pousser, appeler à son aide et sa femme et ses enfants, il n'y put parvenir, car elle s'ouvrait en-dedans, et la chambre était, du plancher au plafond, pleine de pièces d'or. Il fallut la défoncer, l'abattre à grands coups de hache ; et les pièces d'or, roulant les unes sur les autres, montaint jusqu'aux genoux, jusqu'au ventre, jusqu'aux épaules du paysan et de sa famille. Pensez que de leur vie ils n'en avaient jamais tant vu. Ils n'auraient même pu s'imaginer qu'on en pût voir autant à la fois. Mais, revenus de leur surprise et de leur joie, ils songèrent à compter toutes ces richesses.
- Nous ne pouvons "passer" les pièces d'or une à une, dit le père, nous n'aurions peut-être pas fini de toute notre vie ; nous allons les mesurer au boisseau, comme des grains de blé. Alors il dit à son fils :
- Cours vite chez ta tante et prie-la de nous prêter son boisseau, au moins jusqu'à demain. L'enfant ne fit qu'un saut chez sa tante, qui était bien la femme la plus avaricieuse de tout le pays.
- Tu viens encore mendier un morceau de pain ? lui cria-t-elle toute méfiante, le voyant arriver de loin ; je n'en ai pas, tu peux repartir chez toi !

Il s'agit bien de pain ! riposta l'enfant : si vous en voulez, c'est nous qui vous en donnerons tous les jours jusqu'à votre mort, et même de la viande avec ! Nous sommes riches maintenant, riches à remuer notre argent à la pelle, riches à mesurer notre argent au boisseau.
- Vas-tu te moquer de moi, méchant galopin ?
Elle allait lui allonger une maîtresse gifle, lorsqu'elle s'avisa de penser, fort à point, que si par aventure l'enfant avait dit vrai, son intérêt était, à tout hasard, de prêter le boisseau. C'est donc ce quelle fit en rechignant car, nous l'avons dit, elle était fort avaricieuse ; mais elle eut soin de bien suiffer en dedans.
- Ce sera le diable, grommela-t-elle, si au moins une pièce d'or ne reste pas collée : alors j'aviserai.
Or, c'est précisément ce qui arriva. Le lendemain, en effet, lorsque l'enfant revint rendre le boisseau, elle aperçut, collée au fond, une belle pièce d'or.
- Mon homme ! mon homme ! s'écria-t-elle, voilà ton frère devenu si riche qu'il compte l'or à la mesure. Va donc vite lui demander d'où lui vient cette fortune. A-t-il tué quelqu'un ? Et s'il a hérité d'un parent que nous ne connaissions pas, il est bien juste que nous ayons notre part, puisque c'était aussi notre parent.
Il ne se le fit pas répéter deux fois, et, vite courut chez son frère, qui, ne jalousant personne, lui raconta de point en point son aventure et comment il avait eu toute sa chambre pleine de pièces d'or, du plancher au plafond. Il revint tout de suite dire à sa femme ce qui s'était passé.
- Eh bien ! alors, reprit-elle quand il eut achevé, rien de plus simple : mets tes habits les plus vieux, les plus déchirés, et va, clopin-clopant, sur la grand-route. Tu ne manqueras pas de rencontrer ce fameux vieillard à la barbe blanche, tu lui demanderas l'aumône et s'il te dit, comme au frère, de revenir chez toi et de faire trois souhaits, ne manque pas d'arriver aussitôt. Il partit donc, et à peine avait-il fait quelques pas qu'il rencontra le vieillard.
- Il est inutile que tu mendies, lui dit tout de suite l'inconnu, je sais ce que tu veux et je te l'accorde, car il est juste que tu sois traité comme ton frère. Rentre donc chez toi et demande trois choses, elles te seront accordées.
Tout joyeux, il ne fit qu'un saut chez lui.
- Eh bien ?
- Eh bien ! je l'ai vu. Je n'ai qu'à souhaiter trois choses et elles me seront accordées. Mais, ne nous pressons pas, penons notre temps, il ne s'agit pas de souhaiter à la légère. Et d'abord, femme, laisse-moi me chauffer un brin ; dehors il fait froid ! Il s'assit et mit les pieds sur les chenets qui étaient brûlants.
- Peste soit des chenets ! s'écria-t-il, retirant vivement ses pieds, je voudrais les savoir tordus. Au même instant, les chenets se tordirent comme une vrille.
- Misérable, hurla la femme, encore un souhait pareil et nous serons dans de jolis draps !
- Tu en parles à ton aise ! Tu ne t'es pas brûlée comme moi ! Je voudrais bien savoir ce que tu aurais fait si tu les avais eus à tes oreilles ?
Et, aussitôt, les chenets sautèrent et allèrent s'attacher aux oreilles de la femme, qui poussa des cris horribles, car ils étaient brûlants.
- Vois-tu, ma pauvre femme, fit l'homme mélancoliquement, nous n'avons plus à cette heure qu'une chose à souhaiter, c'est que les chenets reviennent à leur place dans la cheminée.
Il n'avait pas plutôt dit, que les chenets vinrent d'eux-mêmes se remettre à leur place ; et c'est ainsi qu'ayant épuisé leurs trois souhaits, l'homme et la femme furent punis de leur avarice et de leur supercherie.

Albert MEYRAC, Contes du pays d'Ardennes, 1892
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