Un passant entre ans une cabane pour demande son chemin. La mère et la fille sont à leur rouet.
- Prenez la première à droite, lui dit la fille, avalez la cache, vous tomberez sur le hamel au Flambe, puis vous cacherez à gauche…
Le voyageur avait l’air de ne pas comprendre.
- Grand pètre ! dit la mère à sa fille, lève ton tchu et li mouëtre, à chu moussieu. (Grande paresseuse, lève ton derrière, et montre le chemin à ce monsieur.)
Mais il y a dans le patois, une équivoque intraduisible en français.
Quelques personnes de la ville étaient allées dîner chez un paysan. Celui-ci leur donna des serviettes et n’en prit pas pour lui.
- Pourquoi ne prenez-vous pas de serviettes comme nous ? lui dit un des messieurs.
- Oh ! Monsieur, nous n’en avons pas besoin, nous mangeons proprement nous autres.
Le nom de Patience que George Sand donne à l’un de ses personnages étaient autrefois assez commun comme nom masculin dans la Hague. Il y avait entre autres un certain Patience Duhamel que tout le monde connaissait.
Une veuve pleurait un jour sur le tombeau de son défunt mari, récemment enterré. C’était un désespoir, une désolation si profonde que les passants en étaient émus.
- Que voulez-vous, ma pauvre Véronique, c’est un grand malheur d’avoir perdu un si bon mari. Mais que faire ? Résignez-vous, prenez patience.
- Croyez-vous qu’il voudrait de moi ! dit la veuve, en se retournant et en séchant brusquement ses larmes.
- Solet, Solet, dors-tu ?
- Si, je ne dormais paë que m’voudrais-tu ?
- Que tu me prêtisses t’n âne pouër aller au petun.
- Je dors, je dors.
Jean Fleury, Contes, récits et légendes des pays de France