Méthode et persévérance : ces deux mots pourraient être inscrits en lettres d'or au fronton de la gendarmerie de Vannes, dans le Morbihan, après la longue enquête qui a abouti à l'arrestation d'un escroc récidiviste. Sous une multitude de fausses identités, obtenues grâce à des papiers volés, l'individu avait écumé hôtels et restaurants dans toute la région. Face à une avalanche de plaintes des commerçants pour des chèques sans provision, la brigade de recherche de la gendarmerie de Vannes a donc ouvert une enquête sans posséder le moindre indice sur l'identité de l'aigrefin.
En suivant patiemment la trace des chèques volés, les enquêteurs se sont rendus chez un marbrier de Saint-Cyr-sur-Mer, dans le département du Var, où le jeune homme recherché avait acheté une plaque funéraire, sur laquelle il avait fait graver "A mon grand-père".
Les chèques volés suivants ayant été présentés à des commerçants de Vannes et de Lorient, les gendarmes ont passé au peigne fin tous les cimetières de ces deux villes. Après deux mois de prospection méthodique et l'inspection de plus de 35 000 tombes, ils en ont enfin trouvé une décorée d'une plaque neuve, ornée d'un coeur portant l'inscription qu'ils recherchaient. Le marbrier ayant authentifié la plaque, les gendarmes ont reconstitué l'arbre généalogique du défunt et sont ainsi parvenus à mettre un nom sur l'escroc insaisissable.
Après un nouveau mois de recherche en Bretagne et dans le Var, ils l'ont interpellé et inculpé de falsification de documents administratifs et de vol.
Ecroué, le jeune filou a reconnu les faits. Avec néanmoins une pointe d'amertume : "Je suis trop sentimental. Si je n'avais pas honoré dignement lamémoire de mon grand-père, je n'aurai jamais été pris."
L'histoire ne dit pas si le juge chargé de l'affaire a tenu compte de ce trait de caractère du prévenu avant de rendre son verdict.