"Je regrette, madame, ce que vous me demandez n'est pas possible. - Mais, monsieur le directeur, vous voyez bien qu'il s'agit d'un garçon !" Et Pamela Christiansen, jeune femme de la meilleure société londonienne, enceinte de quatre mois, brandit sous le nez de Ian Beer, directeur de l'école de Harrow, l'échographie qu'elle vient de passer et qui prouve, effectivement, qu'elle est enceinte d'un garçon, qui a déjà été prénommé Norton. Mais son interlocuteur reste insensible à l'argument.
"Revenez après votre accouchement. A ce moment-là, nous verrons..."
Il faut dire que l'école de Harrow on the Hill, dans le Sud de l'Angleterre, fait partie des grandes traditions du pays. Fondée en 1572, elle accueille 750 pensionnaires de treize à dix-huit ans, venus du monde entier.
L'enseignement pratiqué concerne principalement les mathématiques, l'histoire et les beaux-arts, mais c'est surtout le cricket qui fait la fierté de l'établissement, ainsi que son prestigieux uniforme : blazer bleu marine et canotier. malgré les tarifs prohibitifs pratiqués, on s'y bouscule pour y entrer, on s'y inscrit, en général, dès la naissance, jusqu'à ce que Pamela Christiansen ait voulu anticiper davantage encore.
A la suite de son initiative, le directeur de Harrow a, d'ailleurs, fait paraître un communiqué dans le Daily Telegraph, indiquant qu'outre le sexe, la date de naissance était indispensable pour qu'une demande soit prise en compte. On peut s'inscrire à Harrow au berceau, mais pas avant.