Lassé de harceler en vain ses supérieurs hiérarchiques pour obtenir une augmentation de salaire, George Kerry, employé à la Poste britannique, décide d'améliorer seul sa carrière et de se faire justice. "Après tout, un magot potentiel transite chaque jour entre mes mains, se dit le facteur. En ponctionnant au hasard le contenu de quelques lettres, j'améliorerai mon ordinaire."
Sans y réfléchir à deux fois, Kerry met son plan en application, soustrayant ça et là chèques et billets dans le courrier qu'il distribue. L'escroquerie fonctionne sans incident durant plusieurs semaines, mais l'impatience du facteur va entraîner sa perte : chaque fois qu'il ouvre une enveloppe sans y trouver d'argent, il s'estime berné et prend aussitôt la plume pour exprimer vertement son indignation. C'est ainsi que William et Grace Morris, pieuses personnes septuagénaires, se voient retourner la lettre qu'ils avaient adressée à leur paroisse, accompagnée du petit mot suivant :
Chers clients, nous avons dû ouvrir votre lettre pour vérifier si elle contenait de l'argent liquide. Il n'y avait rien. Nous vous retournons donc votre courrier de m... La prochaine fois, si vous voulez que votre lettre parvienne à destination, glissez dans l'enveloppe une billet de 10 £ ! Amitiés. Royal Mail.
Le couple a immédiatement porté plainte. George Kerry, confondu grâce à une analyse graphologique, a été suspendu de ses fonctions et condamné à une lourde amende. Dans une lettre, accompagnée d'un bouquet de fleurs, la Poste britannique a présenté ses excuses aux victimes. Par prudence sans doute, lettres et fleurs ont été transmis aux Morris par porteur spécial !