(Bouches-du-Rhône)
Le Carnaval d'Arles était autrefois le cadre de coutumes poétiques et pittoresques. Le personnage le plus original en était sans conteste la Vieille, qui symbolisait l'hiver et qui était l'héroïne de toute une suite de cérémonies.
Elle apparaissait le 5 février, jour de Santo Gato, ce qui voulait dire Sainte Agathe, mais aussi "Saint Chat", animal diabolique. La Vieille était en réalité une jeune fille costumée, affligée d'une bosse, le visage grimé, avec un faux nez crochu et des gants prolongés par de longs ongles. Elle était promenée dans la ville juchée sur un âne. Les enfants la pourquivaient, lui criaient des insultes, lui lançaient des bouts de papier et faisaient semblant de la battre. De temps en temps, la Vieille descendait de sa monture et frappait à une porte pour demander l'aumône. Les habitants, eux aussi, l'accueillaient par des injures, faisaient mine de lui donner des coups, mais lui donnaient leur obole. C'était le prix qu'il fallait payer pour faire partir la mauvaise saison.
Les trois derniers de février et les trois premiers jours de mars, étaient appelés les "jours de la Vieille". Ces jours-là, elle ne se montrait pas mais tout le monde se tenait sur ses gardes et il était déconseillé d'entreprendre quoi que ce soit.
Ce n'était que le 1er mai, jour de la fête d'Arles, que le Génie d'Eté, tout vêtu de vert et couronné de feuillage, la chassait définitivement jusqu'à l'année suivante.