Une préparation pour un petit déjeuner, à base de farine de banane et d'orge sucrée parfumée avec du cacao, comment l'appeler ? Pierre Lardet hésite entre "Bacao", "Banana-Coco", "Bananette", "Banaco-Phosphaté", "Bananose"... c'est finalement "Banania" qui est choisi et déposé le 31 août 1914. Pierre Lardet a le soutien financier de sa femme Blanche et il se lance en novembre 1914 dans la commercialisation du produit. Créé quelques semaines après la déclaration de la Première Guerre mondiale, celui-ci bénéficie aussitôt du formidable débouché qu'offre l'alimentation des soldats. Avant août 1915, Pierre Lardet modifie trois fois sa campagne de promotion, avec trois personnages publicitaires différents : d'abord, une Antillaise souriante au généreux collier de perles ; puis, un poilu accablé et mélancolique ; enfin un tirailleur sénégalais de bonne humeur malgré les circonstances avec le fameux slogan : "Y'a bon Banania". La formule est devenue un grand classique de l'histoire de la publicité. La légende raconte qu'elle aurait été inspirée par un tirailleur sénégalais qui, embauché dans l'usine de Courbevoie après une blessure reçue au front, se serait exclamé en goûtant la préparation : "Y'a bon !" Une affiche d'Andréis, dès cette époque, montre le tirailleur en uniforme patriotique, avec sa chéchia rouge au pompon bleu, sur un fond jaune qui rappelle la banane : il vante "l'exquis déjeuner sucré", "aliment délicieux pour les estomacs délicats". A la fin des années 1940, seule apparaît la tête du tirailleur.
Puis, en 1956, le grand affichiste Hervé Morvan stylise le personnage, efface son côté militaire pour faire de lui l'ami dont les enfants raffolent. Aujourd'hui, rien n'a changé : Banania reste le meilleur petit déjeuner pour ses qualités nutritionnelles, indispensable pour une croissance équilibrée de nos chers petits.