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 Jean l’imbécile

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Joa
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Joa


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MessageSujet: Jean l’imbécile   Jean l’imbécile EmptyJeu 6 Mar - 9:57

Il y avait une fois une femme qui avait un garçon si simple d’esprit qu’on l’avait surnommé Jean l’Imbécile. Un jour que la mère s’en allait laver la lessive, elle dit, en partant :
- Jean l’Imbécile, garde la maison, et fais bouillir la marmite. Quand elle bouillira tu graisseras les choux.
- Oui, mère.
La mère s’en alla donc laver la lessive. Quand la marmite se mit à bouillir, Jean l’Imbécile prit toute la graisse qui était dans les pots, et s’en alla graisser les choux du jardin.
Un autre jour, la mère lui dit :
- Jean l’Imbécile, je m’en vais à la foire. Garde la maison, et ne trouble pas l’oie, qui couve au coin du chauffoir (Lou cauhadé, principale chambre des habitations rustiques en Gascogne).
- Non, mère.
La mère partit donc pour la foire. Mais Jean l’Imbécile voulut aller voir l’oie qui couvait, et cassa un œuf.
- Oie dit-il à la couveuse, ne le dis pas à ma mère.
- Couac ! faisait l’oie.
- Ah ! tu veux le lui dire. Si tu le lui dit, je te tue.
- Couac ! faisait toujours l’oie.
- Ah ! c’est ainsi. Attends, attends.
Jean l’Imbécile tordit le cou à l’oie : mais quand il l’eut fait, il pensa :
- Maintenant, il me faut bien couver les œufs.
Il se posa donc sur les œufs, et sa mère l’y trouva, quand elle revint de la foire.
- Que fais-tu là, Jean l’Imbécile ?
- Mère, l’oie est morte, et moi je couve les œufs.
La mère le fit lever, et trouva les œufs tous cassés.
Un autre jour, la mère lui dit :
- Jean l’Imbécile, maintenant tu es en âge de te marier. Il te faut devenir dégourdi, et t’en aller au village jeter quelques coups d’œil aux filles, le dimanche, à la sortie de la messe.
- Oui, mère
En effet, le dimanche suivant, Jean l’Imbécile se leva, dès la pointe de l’aube, s’en alla à l’étable, arracha les yeux à toutes les brebis, les mit dans ses poches, et partit pour la messe. Après le dernier évangile, il alla se planter sur la porte de l’église, et à mesure que les filles sortaient, il les accablait de coups d’yeux.

Un autre jour, la mère lui dit :
- Jean l'Imbécile, il faut vendre les boeufs. Mène-les à la foire, et demandes-en la raison.
- Oui, mère. J'en demanderai la raison.
Jean l'Imbécile partit donc, avec sa paire de boeufs, et les mena à la foire.
- Combien demandes-tu de tes boeufs, Jean l'Imbécile ?
- Ma mère m'a dit d'en demander la raison.
- Quelle raison ?
- La raison.
Alors, un affronteur lui donna un cornet de papier, plein de poux et de puces.
- Tiens, Jean l'Imécile, voici la raison.
L'affronteur emmena la paire de boeufs, et Jean l'Imbécile s'en revint chez lui.
- Tenez, mère. J'ai vendu les boeufs, et j'en ai tiré la raison. Je vous l'apporte dans ce cornet de papier.
Un autre jour, la mère lui dit :
- Jean l'Imbécile, j'ai filé tout cet hiver, et j'ai fait tisser une pièce de toile. Il te faut aller la vendre à la ville.
- Oui, mère.
Jean l'Imbécile partit donc pour la ville, avec sa pièce de toile et un bâton. Il entra dans une église, et y vit une statue, toute peinte et dorée.
- Monsieur, voulez-vous m'acheter ma toile ?
Le vent entrait dans l'église, et faisait hausser et baisser la tête de la statue, de façon que Jean l'Imbécile crut qu'elle lui faisait signe que oui.
- J'en veux trente écus.
La statue haussait et baissait toujours la tête.
- Vous me les paierez ?
La statue haussait et baissait toujours la tête.
Alors, Jean l'Imbécile crut le marché fini, laissa la pièce de toile au pied de la statue, et s'en revint chez lui.
- Eh bien, mère. J'ai vendu la toile.
- Où est l'argent, Jean l'Imbécile ?
- Mère, je l'ai vendue à crédit à un monsieur muet. Mais il m'a fait signe qu'il me paierait.

- Bête ! Tu n'en auras jamais un liard.
- Que si, mère. je vous promets que je me ferai payer.
Au bout de quinze jours, Jean l'Imbécile repartit pour la ville, avec son bâton, et s'en alla à l'église. Mais le vent avait changé, et la statue, au lieu de hausser et baisser la tête, comme la première fois, la secouait sur ses épaules, comme qui dit non.
- Eh bien, monsieur, êtes-vous content de la toile ?
La statue secouait la tête.
- Non. Eh bien, il faut me la rendre.
La statue secouait toujours la tête.
- Non. Eh bien, il faut me la payer.
La statue secouait toujours la tête.
- Non. Ah ça ! tout ceci, c'est des bêtises. Rendez-moi ma toile, ou comptez-moi mon argent.
La statue secouait toujours la tête.
Alors, Jean l'Imbécile tomba sur la statue, à grands coups de bâton. Tout en frappant, il brisa un tronc, placé au bas, pour recevoir les aumônes. Il ramassa l'argent tombé à terre, et rentra chez lui.
- Eh bien, mère. Je vous l'avais bien dit, que je saurais me faire payer.
Un autre jour, Jean l'Imbécile était sur un arbre, et il coupait, avec sa hachette, la branche même sur laquelle il était posé.
- Jean l'Imbécile, lui dit un homme qui passait, si tu continues de couper ainsi la branche même sur laquelle tu es posé, tu ne tarderas pas à tomber par terre.
L'homme passa son chemin, et Jean l'Imbécile continua de couper la branche, jusqu'au moment où il tomba par terre.
- Cet homme, pensa-t-il, doit être un grand savant. Puisqu'il m'a prédit que j'allais tomber par terre, il peut bien me prédire quand je mourrai.
Aussitôt, il courut après l'homme.
- Homme, homme, dites-moi quand je mourrai.
- Jean l'Imbécile, tu mourras au troisième pet de ton âne.
Jean l'Imbécile s'en revint chez lui, et trouva son âne que broutait sur le pâtus, devant la porte de la maison. Au bout d'un moment, l'âne péta.
- Maintenant, dit Jean l'Imbécile, je suis perdu au bout de deux pets.
Au bout d'un moment, l'âne péta une fois de plus.
- Je suis perdu s'il pète encore, dit Jean l'Imbécile. A toute force il faut l'en empêcher.
Aussitôt, il courut chercher un pieu bien pointu, et l'enfonça, à coups de marteau, dans le cul de l'âne. Mais l'âne s'enfla tellement, et fit si grand effort, que le pieu sortit comme une balle, et traversa le pauvre Jean l'Imbécile de part en part.

Jean-François Bladé, Contes, récits et légendes des pays de France
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