Transmis en direct depuis l'Irak par téléphone satellitaire sur la redio d'Etat du Swaziland, les reportages de Phesheya Dube captivaient des milliers d'auditeurs. En effet, voix haletante sous le fracas des bombes, le correspondant de guerre ne reculait devant aucun risque pour rapporter fidèlement, matin et soir, les évènements tragiques auxquels il assistait. Seule ombre au tableau : l'intrépide reporter passait aussi la plupart de ses après-midi au Parlement pour y chroniquer les débats de politique intérieure. Un peu interloqués par son don d'ubiquité, les députés s'inquiétaient pour sa sécurité. "Soyez prudent, lui recommandaient-ils, mettez-vous à l'abri." Néanmoins, le soir venu, n'écoutant que son courage, Dube intervenait à nouveau en direct de Bagdad. Avant de mystérieusement réapparaître chez lui quelques heures plus tard.
La supercherie, rapidement découverte, a obligé le directeur de la station à fournir au public des explications. "Nous ne pouvions pas être le seul média du monde à ne pas posséder d'envoyé spécial en Irak, a-t-il piteusement déclaré. or noçus avons à peine de quoi payer nos salariés et nos bandes magnétiques. Phesheya s'enfermait donc deux fois par jour dans un placard à balais, et feignait de se trouver en Irak. Accompagné par des bruits de mitraille préenregistrés, il se contentait de reprendre à son compte les in formations données par ses confrères étrangers."
En récompense de ses scoops, Phesheya Dube a été promu à la tête de l'Education nationale de son pays. Espérons qu'élèves et collégiens du Swaziland ne s'inspireront pas des méthodes... explosives de leur nouveau ministre !